Encore une fois, un praticien, parmi les rares qui prennent sur eux de signaler aux autorités des enfants maltraités (sur 22 000 signalements* en tout genre par an, 3 % proviennent du corps médical), s'est retrouvé devant ses pairs. Le 18 septembre, c'était au tour du pédiatre parisien Christian Spitz, alias « le Doc » pour les auditeurs d'une émission sur Fun Radio aujourd'hui disparue. Sur plainte, devant l'ordre régional, de Michel Labbé, père d'un enfant victime de viol, il a dû justifier pourquoi il avait alerté, en son âme et conscience, le parquet et le juge des affaires familiales, ce à la troisième visite de la mère et de son fils dans son cabinet.
La démarche de M. Labbé se veut claire : estimant avoir été nommément cité par le médecin, ce que nie celui-ci, il dénonce les modalités du signalement pour abus sexuels. Robin, âgé de cinq ans et demi à l'époque des faits (1999), semble bien une victime, la cassette vidéo du colloque singulier du Dr Spitz en témoigne : « Mon papa m'a fait mal, dit l'enfant. Il a mis son zizi dans mes fesses. » Il appartient donc à l'Ordre d'apprécier si le signalement est « tendancieux », voire « instrumentalisé », comme le juge le père, qui depuis ne voit plus son fils « à cause de ce rapport ». M. Labbé, a tenu à faire savoir Me Jean-Paul Baduel, l'avocat de « Doc », « doit comparaître devant le tribunal correctionnel, le 27 novembre, pour agression sexuelle sur mineur de moins de quinze ans par personne ayant autorité ».
Les parlementaires interpellés
Dans une lettre ouverte sur le sujet aux parlementaires, remise à Bernard Kouchner (« le Quotidien » du 19 juin), le Dr Christian Spitz et ses confrères Catherine Bonnet et Pierre Sabourin, tous deux objet à plusieurs reprises de blâme et d'interdiction d'exercer momentanée, pour des motifs du même ordre, écrivaient : « Les médecins seront contraints (faute de protection législative, NDLR) à rédiger un X, pour ne pas désigner le nom de l'auteur présumé des agressions, afin de ne pas être exposés à des poursuites pénales. » Or, ajoutaient-ils, « si le signalement est vidé de son contenu, le procureur n'aura plus d'éléments suffisants et précis pour prendre en urgence, en cas de besoin, des décisions concernant la protection des enfants ».
* 7 000 concernent des abus sexuels.
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