De notre correspondante
Le partage des informations sur les risques courus par les salariés sur leur lieu de travail n'est « pas optimal, en raison de la multiplicité des acteurs et des méthodes de travail et de l'absence d'une mémoire transmissible des postes occupés par les salariés », constate le Dr Pierre Verger, directeur adjoint de l'ORS-PACA. Les participants ont donc débattu des moyens de remédier à cette situation de morcellement de l'information. Ils ont échangé leurs expériences sur de nouveaux outils permettant la mise en commun des informations entre médecins, professionnels du monde du travail et médecins de ville (très rares dans la salle).
« Les conflits entre les uns et les autres sont maintenant apaisés, mais les modalités des relations entre la ville et l'entreprise restent à définir », constate Philippe Sotty, ingénieur de prévention à la direction régionale du Travail et cheville ouvrière des réseaux de veille et de prévention au travail mis en place en PACA.
Le projet de cartographie des risques, inspiré par l'expérience des centres de santé mutualistes de la zone de l'étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône, est actuellement repris et élargi par l'ORS sous le nom de « système interactif pour la santé au travail ». A terme, chaque médecin soupçonnant une pathologie d'origine professionnelle pourra consulter sur informatique la fiche des risques des différents postes occupés dans les entreprises de la région, tout au long de la carrière du patient. D'autres expériences portent sur le suivi individuel, avec des fiches de santé ou un carnet de santé dont le salarié reste propriétaire et qu'il peut montrer à tout nouveau médecin le prenant en charge.
Un questionnaire
Depuis 1987, les régions PACA et Pays de la Loire mènent des enquêtes pilotes de « surveillance médicalisée des risques » (enquêtes SUMER) maintenant étendues aux autres régions. Le ministère des Affaires sociales et l'inspection du travail, qui coordonnent ces enquêtes, proposent aux médecins du travail de remplir un questionnaire pour chaque salarié qui se présente à la visite annuelle obligatoire. Les questions portent sur les obligations liées à l'organisation du travail, les contraintes physiques, l'exposition à des agents biologiques ou à des agents chimiques ; enfin, le médecin émet un avis sur la prévention liée à ce poste et le salarié donne la vision subjective de son travail, grâce au test de Karasek.
A l'enquête 2002-2003, en cours d'exploitation, ont participé 1 600 médecins du travail et plus de 50 000 salariés de toutes les branches dans les différentes régions de France. Cette enquête devrait permettre de disposer d'un outil statistique capable de cerner les risques et d'orienter les politiques de prévention à l'échelon national.
La connaissance des risques devrait passer aussi par les déclarations de maladies professionnelles. Celles-ci sont toujours dramatiquement sous-évaluées, ont rappelé les participants. Mais elles peuvent tout de même servir d'indicateur pour définir des priorités d'action, comme l'a souligné le Dr Michèle Sigouret, médecin inspecteur régional du travail PACA.
Parallèlement à ces déclarations, plusieurs participants à la réunion ont encouragé leurs confrères à faire des signalements à l'inspection du travail de « maladies à caractère professionnel », lorsque certaines affections contractées au travail ne sont pas répertoriées sur la liste des maladies professionnelles ou si le médecin ne peut apporter la preuve de leur origine (voir ci-dessous)
Concluant les travaux, le Pr Marcel (unité INSERM de Saint-Maurice sur les maladies professionnelles) a constaté la diversité des initiatives prises en faveur d'une meilleure connaissance des risques individuels ou collectifs. Il a regretté seulement le manque de liens entre elles. En PACA, des réseaux de veille et de prévention qui regroupent tous les intervenants de la santé au travail ont débouché sur de fructueux échanges et des actions communes ; mais, sur le plan national, souligne le Pr Goldberg, « il y a un problème de structure de la santé au travail qui doit être résolu si nous voulons aller plus loin ».
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