Le SIDA serait-il passé de mode ? Visiblement oui, au vu des enquêtes réalisées sur la prévention et le manque d'intérêt des Français vis-à-vis de la maladie. En 1998, 96 % de nos concitoyens considéraient que le préservatif était efficace, la proportion est passée à 93 % en 2001. Mais l'utilisation du préservatif a baissé : 29 % des hommes déclaraient s'en servir en 2001, contre 37 % en 1998. Et la reprise de l'épidémie est indéniable. Aujourd'hui, 40 millions de personnes sont touchées par le VIH/SIDA dans le monde, dont un tiers entre 15 et 24 ans. Chaque jour, 14 000 personnes sont contaminées.
Les associations de malades se mobilisent pour relancer les programmes de prévention. TF1 a décidé de s'associer à l'association Ensemble contre le SIDA en ouvrant largement son antenne le temps d'un week-end, pour une opération d'information et de collecte de fonds : 48 heures contre le SIDA. Un numéro gratuit et accessible partout en France, le 116, est ouvert dès aujourd'hui pour recueillir les promesses de don. Le 31 mars, TF1 le diffusera dans les bandes-annonces de l'opération. Il sera incrusté en permanence à l'écran durant les 5, 6 et 7 avril, week-end de mobilisation générale, et restera accessible jusqu'au 14 avril.
Les fonds récoltés seront répartis à 50 % pour la recherche et 50 % pour les programmes de prévention et d'aide aux malades. Les priorités portent avant tout sur la découverte d'un vaccin. Mais il s'agit également de renforcer l'immunothérapie et les antiviraux pour éviter le plus possible les contraintes thérapeutiques.
En direct
Le coup d'envoi de cette chaîne de solidarité sera donné lors du journal télévisé de 20 heures, le vendredi 5 avril. Pendant tout le week-end, le journaliste Thomas Hugues tentera de toucher les téléspectateurs à travers des interventions de une à cinq minutes en direct. Soit depuis le studio de Boulogne, soit en duplex dans plusieurs villes de France. Il présentera des reportages d'information sur les lieux d'accueil, les malades, la situation de l'épidémie à l'étranger. Le plateau accueillera des témoins, chercheurs, représentants associatifs, malades et artistes, qui lanceront des messages de sensibilisation et appelleront à faire des promesses de don.
Le direct a du bon. Peut-être qu'avec cette formule rénovée, on pourra espérer une importante mobilisation. Le Sidaction a en effet du mal à trouver son rythme. L'édition 2000 n'avait permis de récolter que 14,2 millions de francs, chiffre très loin des 502 millions réunis grâce au dernier Téléthon.
« Les revers du Sidaction doivent conduire l'ensemble de la société française à s'interroger sur ses difficultés à se mobiliser sur ces causes-là, dit au "Quotidien" Christian Saout, président de l'association AIDES. On organise des collectes qui marchent très fort sur d'autres pathologies ou d'autres problèmes de santé, comme la myopathie (Téléthon) ou la qualité de vie à l'hôpital.
« Il faut que les gens se rendent compte que les progrès réalisés dans la recherche sur le SIDA sont profitables à l'ensemble des patients. » C'est vrai dans le domaine des soins palliatifs ou de l'aide à domicile. Les associations de malades ont également joué un rôle important dans la récente adoption de la loi sur les droits des malades.
Incompréhension
Alors, pourquoi un tel relâchement de l'intérêt que portent les Français à la lutte contre le SIDA ? Christian Saout donne sa réponse : « Il y a une incompréhension au sein du public. Certains ont cru que les trithérapies guériraient. Certes, les séropositifs vivent plus longtemps aujourd'hui, mais à quel prix ? Leur qualité de vie est souvent très pénible. Cette maladie est évolutive, mais encore fatale. » Pour au moins 8 000 personnes en France, en effet, plus aucun traitement ne marche.
Christian Saout déplore également « le silence assourdissant et inacceptable du service public ». Cela fait plus d'un an qu'il souhaite, dit-il, rencontrer Jean-Marc Tessier, le patron de France Télévision. « Si encore on me donnait une explication. Si on me disait : "Avec le Téléthon et les Enfoirés, on a notre quota", je comprendrais. Mais là, on ne me dit rien. »
Espérons que durant les 48 heures dédiées à ce fléau, on nous dira tout, tout, tout.
Numéro pour déposer ses promesses de don : le 116, ouvert à partir du 29 mars.
Dons par carte bancaire sur le site tf1.fr et sidaction.org.
Sida Info Service : 0.800.840.800.
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