VIH

Sida : un malade guéri après une greffe ?

Publié le 16/12/2010
Un américain séropositif depuis dix ans n’est plus porteur du VIH après avoir été traité par une greffe de moelle osseuse pour une leucémie. Une découverte faite par des chercheurs allemands qui ouvre de nouvelles voies de recherche dans les traitements du sida.

Des chercheurs allemands pensent avoir supprimé toute trace de séropositivité chez un patient et cela depuis trois ans et demi. Un article publié dans la revue Blood (8 décembre) rapporte le cas de Timothy Brown, un américain séropositif depuis dix ans qui a été traité pour une leucémie par une greffe de moelle osseuse en 2007, à l’hôpital de la Charité à Berlin. Mais les cellules souches implantées étaient un peu particulières, étant donné qu’elles provenaient d’un donneur porteur d’une rare mutation génétique héréditaire qui protège de l’infection au VIH. Le donneur présentait en effet une mutation du gène CCR5, comme c’est le cas de 1 % de la population européenne. Grâce à cela, le donneur ne possédait pas de récepteurs CCR5 à la surface de ses lymphocytes T4. Le VIH, qui entre en général dans les cellules en utilisant un récepteur CD4 couplé à un co-récepteur CCR5, ne peut alors plus coloniser les cellules immunitaires.

En2008, Timothy Brown arrête son traitement antirétroviral et en 2010 le sida n’est toujours pas détectable. Ce qui conduit les chercheurs à penser que le patient est guéri. Ce résultat est salué par la communauté scientifique. « Les médecins du patient séropositif ont eu la superbe idée de le greffer avec la moelle de ce donneur » commente le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS), interviewé par Décision Santé. Mais en aucun cas cette greffe ne peut se substituer à un traitement du sida. « Il s'agit d'une opération lourde, coûteuse et qui est susceptible d'entraîner de nombreuses infections, parfois mortelles. Sans parler évidemment du risque de rejet » poursuit-il.

Par ailleurs, selon les chercheurs allemands, il est possible que le virus soit encore présent – mais indétectable - en très petites quantités dans des cellules sanctuaires. On ne peut exclure que le virus du VIH mute pour trouver une autre voie d’entrée dans le système immunitaire, en utilisant par exemple les récepteurs CXCR4.

Charlotte Demarti

Source : lequotidiendumedecin.fr