De notre correspondante
à New York
« Nous sommes excités par la nouvelle structure de l'anticorps 2G12 élucidée par l'équipe de Ian Wilson et Dennis Burton », déclare dans un communiqué James Cassatt, du National Institute of General Medical Sciences, une branche du NIH qui a parrainé cette recherche. « Notre programme encourage les scientifiques a utiliser les outils de la biologie structurelle pour rechercher des cibles potentielles pour des médicaments et des vaccins contre le VIH. Ces résultats montrent que la biologie structurelle peut ouvrir de nouvelles voies pour trouver des traitements et des prophylaxies contre le sida. »
L'anticorps 2G12, qui se lie à la gp120
Jusqu'ici, il n'a été découvert aucun immunogène qui soit capable de déclencher la production d'anticorps neutralisant le large éventail des souches VIH-1. Pourtant, quelques rares anticorps neutralisant largement le VIH ont été isolés chez quelques patients, et des études dans des modèles animaux (souris et macaques) montrent qu'ils sont suffisamment puissants pour prévenir l'infection par le VIH-1.
Une équipe internationale, dirigée par les Drs Ian Wilson et Dennis Burton, du Scripps Research Institute (La Jolla, Californie), s'est intéressée a l'un de ces anticorps humains neutralisant largement le VIH-1, le 2G12, qui se lie a la glycoprotéine d'enveloppe gp120 du VIH-1.
Cet anticorps reconnaît un groupe exceptionnellement dense de fragments carbohydrates sur la face « silencieuse » de la gp120. Cette face est dite silencieuse car les carbohydrates, qui protègent des épitopes antigéniques potentiels, sont peu immunogéniques et peu susceptibles d'être attaqués par le système immunitaire. Néanmoins, l'anticorps 2G12 se fixe avec une affinité élevée aux épitopes carbohydrates sur la gp120 du VIH-1. Calabese, Burton, Wilson et coll. ont déterminé la structure cristalline de l'Ac 2G12, lorsqu'il est isolé et lié à la gp120. Cela leur permet de savoir à peu près comment l'anticorps humain 2G12 se fixe à la gp120 et neutralise le VIH-1.
Leurs données « révèlent que deux molécules anticorps s'assemblent en un dimère étroitement lié par un échange des domaines variables Vh ».
Une configuration extraordinaire
« La configuration extraordinaire de cet anticorps fournit une surface étendue d'interaction multivalente (avec des sites de fixation nouvellement décrits) avec un groupe conservé de sucres de type oligomannose à la surface de la gp120 », notent les chercheurs.
« L'interdigitation exceptionnelle des domaines Fab au sein d'un anticorps dévoile un mécanisme non décrit jusqu'ici pour reconnaître avec une haute affinité des épitopes répétés, qu'ils soient carbohydrates ou autres, à la surface des cellules (par exemple tumorales) ou des microbes », ajoutent-ils. Cette découverte devrait faciliter le développement rationnel d'un vaccin VIH-1. Des immunogènes (ou antigènes) peuvent maintenant être synthétisés de façon à ce qu'ils imitent le groupe unique de sucres oligomannosex qui se fixent a l'anticorps 2G12. La capacité de ces antigènes à déclencher une réponse immunitaire de type 2G12 pourra alors être testée. Un tel antigène pourrait former la base d'un vaccin contre le sida.
« Science » du 27 juin 2003, p. 2094.
L'appel des 24
Deux douzaines de sommités du monde de la recherche sur le SIDA cosignent un appel dans « Science » pour créer une entreprise globale de recherche sur le vaccin anti-VIH.
Vingt ans après la découverte du virus de l'immunodéficience humaine, le monde est encore en attente d'un vaccin préventif efficace contre l'infection à VIH.
Richard Klausner (Bill and Melinda Gates Foundation, Seattle, Washington) et vingt-trois autres experts internationaux, dont le Pr Kazatchkine, de l'Agence nationale de la recherche sur le sida (ANRS, Paris), et le Dr Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Disease (NIH, Bethesda), décrivent le besoin d'un effort de coordination internationale et proposent un modèle d'entreprise globale afin de développer le plus tôt possible un vaccin VIH qui soit sûr et efficace.
Evoquant le Projet du génome humain, Klausner et coll. pensent que « le moment est venu » pour une coordination internationale analogue.
D'après les récentes projections de l'OMS, si la pandémie poursuit son cours actuel, il est prévu d'ici à 2010 pas moins de 45 millions de nouvelles infections VIH, et près de 70 millions de décès d'ici à 2020.
Dr V. N.
« Science » du 27 juin 2003, p. 2036.
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