A l'hôpital de Gonesse (Val-d'Oise), le seul médecin affecté au service VIH de l'établissement, c'est-à-dire au service des maladies infectieuses du centre hospitalier, a une file active de 450 malades. « En comparaison, souligne l'association de lutte contre le SIDA Act-Up Paris , la file active d'un médecin hospitalier VIH comprend généralement de 50 à 100 personnes. »
Le directeur de l'hôpital de Gonesse, Jean-Pierre Burnier, confirme : « Durant l'année 2000, il y a eu une augmentation de 100 % du nombre de nouveaux cas détectés. Cela correspond à 140 nouveaux patients reçus l'an dernier. Sur dix mois, 120 personnes ont découvert leur séropositivité à Gonesse. Nous étions plutôt sur un rythme de 50 auparavant. » Ces patients sont adressés par les médecins de ville, la protection maternelle et infantile (PMI) ou le centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) que l'hôpital de Gonesse anime. Selon Jean-Pierre Burnier, beaucoup de nouveaux cas de séropositivité sont détectés parmi les femmes enceintes reçues en obstétrique, avec une prédominance chez les patients en provenance d'Afrique subsaharienne.
Reprise des contaminations
Tout le monde est d'accord : il y a bien un problème au centre hospitalier de Gonesse et ce problème s'inscrit dans le contexte général d'une reprise des contaminations par le VIH, au sein notamment de certaines populations (précaires ou étrangers). Cela dit, que faire ? Nous avons pris les choses en main, explique en substance le directeur de l'établissement. « Plutôt que de se battre pour obtenir des moyens supplémentaires, le directeur de l'hôpital s'efforce d'ignorer », rétorque Act-Up. Vingt militants de l'association viennent d'ailleurs de faire un « die-in » dans les locaux de l'hôpital, « afin d'exiger que le service VIH de cet hôpital cesse de refouler les personnes séropositives ». Selon Act-Up, depuis un an, l'hôpital « refuse d'intégrer de nouveaux patients. Des malades s'y sont vu refuser des soins. L'établissement les oriente vers d'autres structures, sans s'assurer qu'ils pourront réellement s'y faire suivre ». En fait, l'association reproche au directeur de l'hôpital d'avoir, « depuis deux ans », ignoré les plaintes du médecin en charge des patients séropositifs et d'avoir « laissé la situation se dégrader ». « Irresponsabilité ou cynisme ?», interroge Act-Up.
Pourquoi cet acharnement ? se demande, de son côté, Jean-Pierre Burnier. Le directeur de Gonesse estime avoir fait son travail : « Il y a un an, raconte-t-il , nous avons saisi en interne toutes les instances. Parallèlement, nous avons averti la DDASS, l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) et le ministère de la Santé. Depuis huit mois, nous travaillons avec la DDASS, la commune, les associations comme AIDES et Bondeko (une association africaine) pour renforcer la prévention auprès des populations africaines et favoriser l'accès au droit. Nous devons obtenir en septembre une subvention du conseil général. » Par ailleurs, le conseil d'administration de l'hôpital vient de voter la demande d'un temps partiel supplémentaire et de quatre vacations pour renflouer l'équipe actuelle. La demande est, à l'évidence, justifiée. La suite qui lui sera donnée est une question de délai.
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