C' ETAIT il y a vingt ans jour pour jour. Le 5 juin 1981, les CDC publiaient un rapport sur une mystérieuse épidémie. Des hommes vivant à Los Angeles et New York et ayant des pratiques homosexuelles étaient victimes de pneumonies inexpliquées et fatales.
Depuis cette date, le SIDA, qui, selon le Surgeon General David Satcher (la principale autorité médicale au sein de l'administration américaine), « pourrait être la pire épidémie jamais répertoriée dans l'histoire », a fait près de 450 000 morts aux Etats-Unis, où quelque 800 000 à 900 000 personnes sont séropositives. Leur nombre est estimé, au 31 décembre dernier, à 36,1 millions dans le monde, dont 70 % en Afrique subsaharienne.
40 000 nouveaux cas par an aux Etats-Unis
En vingt ans, certes, les progrès n'ont pas manqué, mais « nous sommes face à un seuil critique », estime le Dr Helene Gayle, directrice du Centre national pour le VIH des CDC ; 40 000 nouveaux cas sont en effet enregistrés chaque année aux Etats-Unis et une étude des CDC « traduit l'impact dramatique du virus chez les homosexuels et bisexuels de toutes les races et le besoin urgent d'étendre nos programmes de prévention pour ces hommes, particulièrement dans la communauté noire ».
L'étude, qui a été menée entre 1998 et 2000 auprès de 2 942 bisexuels et homosexuels âgés de 23 à 29 ans, dans six villes américaines, montre que le taux d'infection s'est accru de 4,4 % chaque année.
Parmi les hommes noirs, ce taux est même passé à 14,7 %, contre 3,5 % pour les Hispaniques et 2,5 % pour les hommes blancs.
Jusqu'au tiers des hommes noirs homosexuels de moins de 30 ans qui ont été étudiés par les CDC sont séropositifs.
Pour réagir devant ces taux extrêmement élevés, une campagne d'information et de prévention va être lancée, en particulier à l'attention de quelque 300 000 personnes qui seraient infectées aux Etats-Unis sans le savoir. L'objectif des CDC est de parvenir à réduire de moitié le rythme des infections annuelles dans les cinq ans à venir.
S'agissant, d'autre part, des progrès accomplis par la recherche, le Surgeon Satcher a estimé que son pays devait « clairement faire beaucoup plus ». « Nous avons désespérément besoin d'un vaccin », a-t-il ajouté, appelant à « intensifier les efforts » dans cette direction.
Hausse record en Grande-Bretagne
Les chiffres britanniques ne sont pas moins inquiétants que les statistiques américaines. Un record de 3 425 nouveaux cas d'infections à VIH a en effet été enregistré en 2000, soit 14 % de plus que l'année précédente, la hausse la plus importante jamais relevée dans ce pays. Selon le Dr Barry Evans, responsable de la lutte contre le SIDA au ministère de la santé, quelque 10 000 Britanniques pourraient être séropositifs sans le savoir. Ces chiffres témoignent du retour à des pratiques à risques et le Dr Evans rappelle les conseils de prévention : « Le message doit rester le même : utilisez un préservatif avec un nouveau partenaire et, en cas d'injection de drogue, ne partagez pas les seringues. »
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