De notre envoyée spéciale
Quatre pays d''Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Sénégal) vont pouvoir bénéficier du programme Secure the future des Laboratoires Bristol-Myers Squibb. Ce programme de grande envergure - le plus important jamais mis en place par une entreprise privée pour lutter contre le SIDA en Afrique - a été lancé au printemps 1999 en partenariat avec ONUSIDA dans cinq pays d'Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Lesotho et Swaziland).
Doté initialement d'un montant de 100 millions de dollars sur cinq ans, Secure the Future a pour objectif principal d'améliorer le soutien aux communautés et la qualité des soins, ciblant en priorité les femmes et les enfants atteints par le VIH et/ou le SIDA. Pour répondre aux nouveaux objectifs fixés par Bristol-Myers Squibb en Afrique de l'Ouest, le programme a été doté d'une rallonge budgétaire de 15 millions de dollars.
Secure the Future se concrétise par l'attribution de bourses à des projets innovants, pérennes et reproductibles dans le contexte local et répondant à l'un des trois axes fixés : programmes de recherche médicale conçus spécifiquement pour développer de nouveaux modèles de prise en charge adaptés à ces pays ; programmes d'aide aux populations locales à travers les actions des ONG et de ceux qui travaillent à améliorer la qualité des soins aux orphelins du SIDA, à l'éducation des femmes enceintes ou en âge de procréer et au dépistage ; enfin, programmes de formation en santé publique.
Les premiers projets présentés par les ONG de l'Afrique de l'Ouest (25 projets médicaux et 56 projets communautaires) ont été évalués à Abidjan en novembre dernier par un groupe de travail de 28 membres : spécialistes des maladies infectieuses des pays concernés, de France, de Belgique et du Canada, représentants d'ONG, d'associations de personnes vivant avec le VIH, ministres de la Santé et membres des programmes nationaux de lutte contre le SIDA, ONUSIDA, etc.
68 projets aidés en Afrique australe
En Afrique australe, 68 projets ont, à ce jour, bénéficié de fonds à hauteur de 50 millions de dollars. Parmi eux, The Swaziland Rural Health Initiative**, mis en place en 1998 par Elisabeth Mudzebele, une infirmière rurale dépendant du ministère de la Santé, pour informer les populations rurales sur la prévention et sur le soutien médical et social à domicile des personnes touchées par le VIH. Pour mener à bien ce travail, elle s'est appuyée sur une demande originale : la formation d'intervenants locaux choisis par les habitants (les Rural Health Motivators), des infirmières et des chefs de communauté (Imphakatsi). Un soutien de l'université de l'Illinois (Chicago) a permis la mise en place des premières actions de formation. Des fonds supplémentaires ont été recueillis auprès de la mission Cabrini et de l'université du Swaziland. Enfin, l'initiative Secure the Future a permis l'obtention d'un budget supplémentaire immédiatement attribué aux actions sur le terrain. A l'heure actuelle, 2 000 travailleurs locaux, 400 infirmières et 200 chefs de communauté ont déjà été formés, leur travail quotidien auprès des villageois et des patients devrait être évalué au début de 2002. L'association recherche maintenant des fonds afin de prolonger son action au-delà de l'année prochaine.
Autre projet mené à bien : le Dr Debbie Glencross, hématologue à l'hôpital de Johannesburg, en collaboration avec le Dr Georges Janossy (Londres), a pu, grâce aux fonds alloués par Secure the Future, identifier une méthode alternative peu coûteuse (10 F, un prix inférieur à celui des examens standards) de numération des CD4 qui nécessite un nombre peu élevé de réactifs et dont les résultats sont similaires à ceux des méthodes classiques.
Enfin, dernier exemple, Secure the Future a permis une étude sur les infections respiratoires liées au VRS chez les enfants VIH+. L'équipe du Dr Shabir Madhi (Johannesburg) a procédé à des prélèvements bronchiques chez des enfants de moins de 1 an hospitalisés dans un service de pneumologie pédiatrique. L'âge moyen des enfants séropositifs atteints par le virus respiratoire syncitial (VRS) était plus élevé que celui des enfants non infectés (7 mois contre 4 mois) et ces enfants étaient plus fréquemment atteints de formes graves (92,3 % de pneumonies), accompagnées d'hyperthermie (> 38 °C dans 33 % des cas contre 18,8 %), et d'hyperleucocytose (> 15 000/mm3 dans 41 % des cas contre 25,3 %). Et le taux de décès des séropositifs s'est révélé lui aussi plus important : 7,6 % contre 1,7 %.
* Voir « le Quotidien » des 13 et 18 décembre.
** Elisabeth Mudzebele, Swaziland Rural Health Initiative, Box 1655 Matsapha, Swaziland.
Une évaluation du cotrimoxazole chez les enfants séropositifs
Au Cap, une équipe de pédiatres a cherché à estimer les concentrations sériques de cotrimoxazole chez des enfants VIH+ traités par voie orale dans le cadre d'une pneumocystose à P. carcinii. Ils ont ainsi déterminé que la dose de charge de 20 mg/kg pouvait être suivie d'une prise de 5 à 10 mg/kg toutes les six heures dans le but de maintenir des concentrations sériques thérapeutiques.
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