De notre correspondante
La région PACA occupe toujours la deuxième place en France en matière de prévalence du SIDA et le relâchement de la vigilance laisse entrevoir une recrudescence de l'épidémie, notamment dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône. Aussi le centre régional d'information et de prévention du SIDA (CRIPS-PACA) et la commission Solidarité du conseil régional ont-ils réuni à Marseille les responsables d'organismes publics et d'associations s'occupant de VIH pour en débattre.
Sur le terrain, le constat est en effet général, qu'il s'agisse du milieu de la prostitution, des hétérosexuels à partenaires multiples ou des homosexuels : le préservatif est de moins en moins utilisé et la vigilance, quant au choix des partenaires, se relâche. Les lieux de drague homosexuels, un temps délaissés au profit de vie de couple plus stables, recommencent à être fréquentés comme avant l'épidémie, et 45 % (contre 38 % en 1997) des couples occasionnels déclarent ne pas utiliser de préservatifs.
Autre clignotant : l'augmentation des MST et des IVG chez les jeunes filles signent également l'absence de préservatifs.
L'espoir né des trithérapies explique en partie cette baisse de vigilance : « Alors que les jeunes homosexuels d'il y a dix ans voyaient mourir leurs amis autour d'eux, ceux d'aujourd'hui ont moins cette proximité avec la mort et même avec la maladie », constate le Dr Didier Jayle. Pour France Lert, chercheur à l'INSERM, les responsabilités de cette banalisation du virus sont générales et elle note par exemple la disparition de campagnes nationales de prévention du SIDA. Les responsables du CRIPS constatent la démobilisation des pouvoirs publics et « la frilosité des politiques ». De leur côté, les associations, dont les bénévoles se déclarent « usés », dénoncent l'absence d'échange avec « le pouvoir médical » et avec les institutions, ainsi que les baisses de subventions qui ont déjà conduit certaines d'entre elles à fermer leurs portes ou à le faire dans les prochains mois.
Des facteurs de risques cumulés
La situation apparaît plus critique encore dans cette région qui cumule tous les facteurs de risques, comme l'ont souligné les participants : zone frontalière et portuaire encourageant trafic et usage de drogues, lieux festifs homosexuels, tourisme favorisant les rencontres sexuelles. Et la moyenne d'âge plus élevée que dans les autres régions ne semble pas faire raison garder : la région PACA bat seulement le record d'appels de plus de 65 ans sur SIDA-info-service.
Face à ces constats, la nécessité de « redonner un second souffle à la bataille » s'appuie sur un certain nombre de recommandations. Ainsi, la diffusion du préservatif féminin à propos duquel a été dénoncée la frilosité des médecins et plus encore des pharmaciens, qui ont rarement ce produit en stock, le renforcement d'actions de proximité auprès des groupes sociaux les plus sensibles, avec notamment intervention des associations s'occupant des migrants, car, selon SIDA-info-service, beaucoup hésitent à se faire dépister, de crainte des conséquences familiales et sociales. Mais pour les intervenants de terrain comme pour les représentants des institutions présentes au débat, il ne doit pas s'agir seulement d'actions ponctuelles car le phénomène de reprise de l'épidémie nécessite une approche globale, afin de ne plus avoir l'impression d'agir seulement dans l'urgence : « Il ne s'agit pas d'ouvrir le parapluie pour attendre la fin d'une averse », disent-ils.
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