L EUR continent, l'Afrique, est le plus durement touché par le fléau du SIDA. C'est pourquoi 24 dirigeants africains et des Caraïbes ont jugé bon de venir plaider directement leur cause, à New York, lors de la session extraordinaire de l'assemblée générale de l'ONU sur le SIDA qui s'est terminée hier.
« J'en appelle à la communauté internationale, aux organisations non gouvernementales, au secteur privé et à l'humanité toute entière pour qu'elle fasse tout ce qui est nécessaire pour éviter l'aggravation de la misère humaine que la catastrophe du SIDA entraîne pour les populations », a déclaré le président du Botswana, Festus Mogae, dont le pays est le plus touché du continent africain, avec le tiers des adultes infectés par le VIH. A sa suite, les chefs d'Etat africains ont dit tout ce qui faisait obstacle - chez eux - à la prise en charge des malades et de l'épidémie. « La fragilité de nos économies », a dit le président du Nigeria, Olesegun Obasanjo. « Le coût exorbitant des médicaments », a jugé, pour sa part, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade. « Les pays en développement ne sont pas toujours en mesure d'accéder aux nouveaux traitements », a rappelé le président du Gabon, Omar Bongo. Et ce, en dépit des baisses sensibles de prix que les laboratoires pharmaceutiques commencent à accorder aux pays qui en font la demande.
C'est pourquoi Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, a réitéré à New York son appel aux pays riches pour qu'ils contribuent au fond mondial de 7 à 10 milliards de dollars contre le SIDA et les maladies infectieuses. Un appel auquel les Etats et certains partenaires privés commencent à répondre. Les Etats-Unis, qui ont déjà promis de verser 200 millions de dollars, vont encore accroître leur contribution, selon le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. La Norvège et le Canada ont annoncé qu'ils s'engageaient à verser respectivement 110 millions de dollars et 47,4 millions de dollars pour lutter contre le SIDA dans les pays en développement, mais hors fonds mondial. Ces deux pays n'excluent pas pour autant d'abonder au fonds mondial. Ils attendent que celui-ci soit « plus avancé ».
L'accès aux traitements, qui constitue l'urgence dans les pays en développement ne se résume pas à la seule fourniture de médicaments. Le patient doit accéder aux soins et la population tout entière à la prévention du SIDA. La France, avec d'autres pays européens dont l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Luxembourg et la Slovénie, a proposé d'établir une « initiative de solidarité hospitalière » dans la lutte internationale contre le SIDA. « Par le jumelage entre hôpitaux d'Europe et de pays qui le souhaitent, notamment en Afrique, les professionnels de santé du nord aideront leurs collègues du sud à combattre le fléau » a déclaré le ministre français de la Coopération et de la Francophonie, Charles Josselin, se gardant de vouloir transposer dans les hôpitaux des pays en développement les modèles des pays riches. Il s'agit de « renforcer les capacités de structures de santé des pays du sud », a précisé le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner. « Il ne servirait à rien, selon lui , de dégager des financements pour acheter des médicaments, si les pays ne peuvent les délivrer aux malades dans de bonnes conditions ». La France propose la tenue d'une réunion internationale les 30 novembre et 1er décembre à Dakar, dont le but sera de « dégager un consensus politique sur les méthodes à utiliser ».
A New York enfin, on a pu encore mesurer « l'ostracisme » dont sont souvent victimes les malades du SIDA et que Kofi Annan a dénoncé dans son discours d'ouverture. « On ne peut faire face au SIDA avec des jugements moraux », a-t-il prévenu. Le combat n'est pas gagné : un groupe de pays musulmans a bloqué le déroulement de la session pendant deux heures, sans parvenir néanmoins à exclure la représentante d'un groupe homosexuel.
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