L'Asie et le Pacifique échappent actuellement à la déferlante d'infection par le VIH qui décime certains pays africains. « Certaines personnes sont rassurées par le fait que seulement trois pays asiatiques (le Cambodge, le Myanmar et la Thaïlande) ont enregistré jusqu'ici des taux de prévalence nationaux de plus de 1 % », note le rapport du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), publié à l'occasion du 6e Congrès international sur le SIDA en Asie et dans le Pacifique réuni jusqu'à mercredi à Melbourne (Australie).
Malheureusement, s'en tenir à des moyennes nationales dans ces continents n'est pas significatif. Ces moyennes masquent en fait une extension géographique inégale, avec des pays immenses, tels que la Chine et l'Inde, où certaines provinces ont des populations bien plus nombreuses que la plupart des pays du monde. De surcroît, lorsqu'une épidémie se concentre dans certains groupes, il est trompeur, souligne le rapport, d'utiliser la prévalence du VIH comme modèle pour le pays tout entier.
Un sérieux avertissement
D'ores et déjà, des augmentations récemment relevées des taux d'infection dans certaines régions constituent un sérieux avertissement : la province du Guangxi, par exemple, en Chine, enregistre un taux de 9,9 % des professionnel(le)s du sexe infecté(e)s au deuxième trimestre 2000, chiffre qui est passé à 10,7 %, six mois plus tard.
Dans certaines villes du Vietnam, les niveaux d'infection s'élèvent rapidement, voire de manière exponentielle. A Hô Chi Minh-Ville, la prévalence est passée de pratiquement zéro en 1996 à plus de 20 % en 2000. De même, l'Indonésie, pays où pendant de nombreuses années l'épidémie était virtuellement indétectable, connaît un fort accroissement du VIH, avec un bond de la prévalence, qui est passée, en quatre ans, de 6 à 26 % chez les professionnel(le)s du sexe dans trois sites.
L'infection par le VIH chez les femmes enceintes, qui est souvent utilisée comme indicateur de la situation au sein de la population générale, est très sérieuse, estime encore le rapport.
Selon l'ONUSIDA, les épidémies asiatiques sont entraînées par cinq vagues d'infection qui se recoupent et se mêlent étroitement : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, les épouses et les petites amies et les nouveau-nés et nourrissons allaités au sein. « La plupart des consommateurs de drogues, précise le rapport, sont des jeunes hommes sexuellement actifs. Nombre d'entre eux ont des partenaires stables, beaucoup fréquentent les professionnel(le)s du sexe qui se tournent vers l'injection de drogues (...) Des recoupements similaires existent entre les populations homosexuelle et hétérosexuelle. De nombreux hommes qui préfèrent les rapports sexuels avec les hommes ont aussi des rapports occasionnels et commerciaux avec des femmes et nombre d'entre eux, si ce n'est la majorité, se marient et élèvent des enfants du fait de la pression sociale qui s'exerce sur eux. »
Pour lancer une riposte efficace, l'ONUSIDA préconise que des programmes ciblent la population générale ainsi que les groupes à haut risque, via l'éducation en matière de santé sexuelle. A cet égard, l'agence onusienne laisse entrevoir l'espoir que le gros de l'épidémie asiatique reste concentré : « Un bienfait insoupçonné », avec un « énorme potentiel d'endiguement ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature