De notre envoyée spéciale
« Les programmes de recherche menés par l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le SIDA) ont prouvé de façon formelle la faisabilité de l'accès aux traitements dans le cadre d'une initiative africaine, ainsi que l'efficacité et la tolérance de médicaments », a expliqué son directeur, le Pr Michel Kazatchkine, au cours d'une conférence de presse.
Pour lui, « les infrastructures - bien qu'insuffisantes - sont actuellement parfaitement adaptées à la mise en route de thérapeutiques dont le rapport coût/efficacité a été démontré. C'est pour ces raisons que la prudence en matière de mise en place de traitements adaptés au contexte africain ne doit plus être de mise. En outre, l'argument de l'induction des résistances virales, avancé par certains, ne doit pas non plus constituer un obstacle aux programmes d'accès élargi aux antirétroviraux, car ce n'est que par une distribution concertée et coordonnée que l'émergence des résistances pourra être, du moins en partie, contrôlée ».
Enfin, le Pr Kazatchkine souligne que « dans les pays du "Nord", la question des résistances virales lors de l'introduction des trithérapies en mars 1996 n'a soulevé qu'un nombre limité d'objections ».
Dans ce contexte de développement de l'accès aux soins dans les pays de l'Afrique subsaharienne, Peter Piot, directeur exécutif de l'ONUSIDA, a souligné, au cours d'un symposium satellite : « Nous sommes encore loin du compte mais des progrès considérables ont été accomplis dans ces pays au cours des deux dernières années. Un fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme vient d'être créé, a-t-il ajouté . Avec 2,6 milliards de dollars, ce fonds permettra de financer rapidement des programmes nationaux. Néanmoins, rien qu'en Afrique les programmes de prévention, de traitements et de prise en charge, d'appui aux orphelins nécessitent un montant estimé à 4,6 milliards de dollars par an. Il reste donc un énorme effort à réaliser de la part des gouvernements, des coopérations bilatérales et du secteur privé. »
Pour Peter Piot, « les programmes de réduction de la dette publique et privée des pays les plus pauvres devraient également se traduire par une intensification de la lutte contre le SIDA et dégager de nouvelles ressources financières ».
Un prêt de la Banque mondiale
Mme Debrewerk Zewdie, de la Banque mondiale, a annoncé la création, en janvier 2002, d'un fonds de prêt, sans intérêt bancaire, de 500 millions de dollars, qui vient s'ajouter à celui, d'un montant égal, débloqué en 2001. Cette somme est destinée spécifiquement à la lutte contre le SIDA dans douze pays africains. Quatre cents millions de dollars seront attribués aux actions nationales de prévention et de traitement et cent millions de dollars aux problèmes d'acheminements nationaux et transfrontaliers des médicaments. Pour faire partie des pays éligibles, il faut que le gouvernement considère le SIDA comme une priorité de santé publique, qu'il existe un arrêté gouvernemental spécifique, que les associations de patients aient un droit de regard sur l'attribution des fonds et, enfin, que de 50 à 60 % des sommes soient allouées à des actions communautaires ou privées. Le Sénégal est actuellement le pays-pilote saisi par la Banque mondiale pour l'évaluation en situation de la mise à disposition des fonds.
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