CONGRES HEBDO
Asthme
Charlotte Braun-Fahrländer a dressé un tableau très sombre des effets de la pollution sur le système respiratoire de l'enfant alors que, dans le « New England Journal of Medicine » du 19 septembre, le lendemain du congrès, elle publie, en premier auteur, un article vantant les mérites de l'exposition aérienne aux endotoxines bactériennes !
Contradiction ? Pas si l'on se rappelle que la pollution atmosphérique est essentiellement minérale, ce qui n'a que peu de points communs avec la pollution organique.
Combattre la pollution atmosphérique
Les enfants constituent un sous-groupe de population particulièrement sensible à la pollution atmosphérique pour au moins trois raisons majeures. Tout d'abord, les poumons du ftus peuvent être atteints par certains polluants et la période anténatale est un moment particulièrement sensible pour le devenir pulmonaire. Ensuite, le plein développement de l'appareil respiratoire n'est atteint que vers 6-8 ans et tout contact avec des éléments contenus dans l'air inspiré peut interférer. Enfin, les poumons de l'enfant travaillent proportionnellement plus que ceux de l'adulte en raison de la plus grande fréquence respiratoire, ce qui permet une exposition plus importante à une éventuelle pollution.
Mais au sein de la population infantile, il existe encore des sujets plus susceptibles que la moyenne. C'est le cas notamment des petits asthmatiques, chez qui les effets néfastes de la pollution particulaire sont encore plus marqués que chez les enfants du même âge sans asthme. A noter que, dans ce congrès, il a beaucoup été question des particules de moins de 2,5 μ de diamètre, qui ne sont mesurées en routine ni dans l'air ambiant des grandes villes ni dans les émanations des moteurs Diesel, mais dont la toxicité pulmonaire se confirme de plus en plus, même à des concentrations très faibles.
Le tabagisme passif est un autre facteur qui majore la susceptibilité et les risques pulmonaires. Ainsi, dans une cohorte de plus de 2 500 enfants, des auteurs norvégiens ont montré qu'il y a nettement plus de cas d'asthme à l'âge de 4 ans lorsqu'un terrain familial de prédisposition à l'allergie (parent atopique) recevait le coup de pouce supplémentaire d'un tabagisme passif.
Pour exactement les mêmes raisons que celles évoquées précédemment, l'enfant est également plus vulnérable à l'exposition à des particules organiques. Mais, dans ce cas, il semble que ce soit plutôt favorable pour la santé pulmonaire ultérieure.
Dans l'étude publiée dans le « New England Journal of Medicine », les taux d'endotoxines de la literie d'enfants ont été mis en relation avec le profil clinique et la production de certaines cytokines d'origine leucocytaire (TNF alpha, interféron gamma, IL-10 et IL-12). Il a ainsi été constaté que, plus les taux d'endotoxines étaient élevés, reflet d'une plus grande exposition, moins les enfants présentaient d'asthme, de rhume des foins et d'atopie.
Respecter l'exposition aux endotoxines bactériennes
Et, comme la production de cytokines était d'autant faible que le taux d'endotoxines de la literie était plus élevé, les auteurs en déduisent que l'exposition aux endotoxines régule de façon négative les réponses immunitaires qui orienteraient les enfants vers le développement de manifestations allergiques ; autrement dit, il y aurait induction d'une tolérance.
Pour mémoire, les endotoxines se retrouvent en grande quantité dans les déjections des grands animaux que l'on rencontre communément dans les fermes. Finalement, il est peut-être temps de mettre en pratique la suggestion d'Alphonse Allais : déménager les villes à la campagne permettrait de faire d'une pierre deux coups, diminuer l'exposition aux facteurs néfastes et favoriser celle aux facteurs bénéfiques.
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