Hamlet était-il goutteux ?
En ce moment, le célèbre acteur Sir Forbes-Robertson fait une tournée en Amérique et dans les pays de langue anglaise. Une revue américaine (American Medicine) tout en reconnaissant ses grandes qualités scéniques lui reproche cependant de ne pas être le portrait vivant d’Hamlet.
Hamlet, d’après notre confrère yankee, serait la victime de « trop de chair »: il est gras et hors d’haleine; il est pour le clinicien moderne, goutteux ou lithémique et n’a pas suivi le traitement de l’auto-intoxication causé par le régime carné trop abondant et par la fermentation des protéines (matières azotées).
Son indécision, ses crises d’humeur, l’alternance entre la gaîté excessive et l’humeur noire, cadrent parfaitement avec ce nouveau diagnostic. Shakespeare nous a donné un tableau qui montre bien ses merveilleuses facultés d’observation, car l’ensemble clinique est parfait. Or l’acteur anglais nommé au début, tout grand artiste qu’il soit est de tempérament bilieux et c’est un « saturnien » (sic)
Fechter fut le seul artiste qui répondit parfaitement à la description de Shakespeare; il était gros et court d’haleine et il portait une perruque blonde, qui lui donnait une ressemblance frappante avec un Danois.
Néanmoins, il ne faut pas souhaiter à un acteur de trop répondre au personnage qu’il représente, car il arrivait souvent qu’on était forcé de baisser le rideau au milieu d’une représentation de Fechter : cet artiste avait en effet des crises d’angine de poitrine. Un artiste jeune et en pleine santé représentera toujours mieux u vieillard que ne pourrait le faire un vieil acteur. (In La Chronique Médicale 1914)
Médecins balayeurs
C’est à Leeds que s’est déroulée la scène.
Les employés de la municipalité (balayeurs, boueux, etc.) s’étant mis en grève, une soixantaine de membres de la Ligue dite des Citoyens résolurent de les remplacer.
A l’heure convenue, ils arrivèrent, la plupart dans leur automobile, au lieu de rendez-vous. Dans le nombre de ces volontaires, on remarquait des clergymen, des avocats et des médecins.
Sous la garde de policemen à cheval, les ligueurs se rendirent à la mairie où leur furent distribués pelles et balais et, courageusement, ils se mirent à la besogne, ne l’interrompant que pour repousser, avec l’aide de la police , les grévistes qui essayaient de contrarier leurs efforts. Ils purent, néanmoins, arriver à enlever les boites à immondices qui encombraient depuis plusieurs jours la chaussée et continuèrent vaillamment leur tâche jusqu’à l’aube naissante. (In La Chronique Médicale 1914)
Le vaccin de la constipation
Dans le British Medical Journal du 13 décembre 1913, nous relevons une allusion à un truc charlatanesque qui a occupé pendant quelques jours les colonnes de la Petite Gironde et de la Dépêche de Toulouse.
Il s’agit d’un Dr X... qui aurait découvert le vaccin de la constipation; guérison garantie par une injection. Ce que ne dit pas le journal anglais, c’est que l’ilustre inventeur de ce nouveau remède se vantait d’avoir refusé les présents des Compagnies fermières des eaux thermales qui, redoutant la concurrence lui avaient offert d’acheter son secret: nous avons vu cete insanité s’étaler à la troisième page de la Petite Gironde et de la Dépêche. Bref, le British Medical Journal emprunte au Journal du Lot la description de la réception enthousiaste faite à Toulouse à l’inventeur du nouveau sérum. Nous n’insisterons pas et ne reproduirons que les éloges prodigués à l’hôte momentané de Toulopuse. Il faut relever que le Dr X... se vante de l’amitié de Wassermann et d’Ehrlich, et qu’il parait s’occuper surtout du traitment de la syphilis. Du reste, il guérit, à son dire, toutes les maladies des voies urinaires. Cela vous suffit, n’est-ce pas?
Un joli mot pour terminer: « Qu’il est triste, dit l’émule d’Ehrlich et de Wassermann, de voir les gens assez fous pour consulter les charlatans. » Une perle.
Le British Medical Journal cite notre confrère le Journal de Médecine de Bordeaux. Connaissant de longue date le rédacteur en chef, le professeur agrégé René Cruchet et sa campagne contre les charlatans, nous sommes certains qu’il a fait justice, dans ses colonnes, de l’individu qui a exploité la bonne ville de Bordeaux.
En Angleterre, quand un médecin commet des actes de ce genre, un jury médical apprécie les faits ; s’il ya lieu, le nom du coupable est radié des registres et on le suspend pendant un temps variable. En France, nous nous montrons singulièrement plus tolérants
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