L A première question concernait la fréquence avec laquelle les patients abordent le sujet de leur sexualité chez leur généraliste. Soixante-quinze pour cent des médecins interrogés estiment que leurs patients parlent rarement de leur sexualité, contre 23 % qui disent qu'ils en parlent fréquemment. Ces chiffres montrent que le sujet reste le plus souvent absent de la consultation des généralistes.
La deuxième question visait à préciser les conditions dans lesquelles le patient abordait sa sexualité. Dans 80 % des cas, les généralistes ne sont sollicités sur le sujet que de façon accessoire au cours d'une consultation. Le sujet n'est le motif principal de la consultation que dans 20 % des cas. Là encore, on constate une grande retenue qui est en contradiction avec ce que l'on peut voir, lire ou entendre dans les médias.
La troisième question portait sur l'attitude des généralistes face à un patient qui n'aborde pas le sujet de sa sexualité. Quinze pour cent des praticiens disent que, dans ce cas, ils ne l'abordent pas non plus. Quatre-vingt-cinq pour cent disent l'aborder mais cette grande majorité se partage en deux parts égales, les uns déclarant le faire facilement et les autres le faire avec difficulté.
La quatrième question cherchait à connaître les raisons de la retenue des médecins qui n'abordent pas ou qui abordent difficilement le sujet de la sexualité de leurs patients. Soixante-quinze pour cent considèrent que le patient pensera que cela ne regarde pas le médecin et 10 % que le sujet est tabou ; mais aucun ne considère que le sujet n'est pas médical. L'insuffisante implication du médecin généraliste s'explique fort bien dans ces conditions et laisse entendre qu'en réalité, il ne se sent pas à l'aise pour aborder le sujet.
La dernière question donne, sans doute, la clé du problème : les généralistes pensent-ils avoir reçu une formation suffisante ? Soixante et onze pour cent ne le pensent pas et ils sont seulement 20 % à estimer le contraire.
La sexologie n'est pas une spécialité et n'est pas non plus une discipline. Certains praticiens se sont formés à partir de disciplines voisines, la gynécologie, la psychiatrie, l'urologie, l'endocrinologie, et ont mis en commun un certain nombre de connaissances. Ils exercent en petit nombre dans des conditions qui ne permettent pas l'accès aux soins de la majorité des patients qui présentent une pathologie relevant au moins partiellement de leur sexualité. Une meilleure formation et une réelle implication des généralistes permettrait de changer la face des choses.
Un débat sur ce thème sera animé par Michel Cymes et Marina Carrère d'Encausse sur La Cinquième le samedi 16 juin*. Il sera l'occasion de voir comment les jeunes abordent leur sexualité et comment ils perçoivent l'intervention éventuelle de leur médecin dans ce domaine.
* « L'Amour sans danger », « le Magazine de la santé », 18 h 05.
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