Antiquités
Des fleurs, des oiseaux, des amours..., des fonds qui se déclinent du rose Pompadour au bleu de roi, en passant par le jaune vif, le vert tendre, le bleu céleste. Voici, en quelque 200 assiettes, l'histoire de la porcelaine de Sèvres dans sa période la plus aimable, celle qui va des années 1740 à la Révolution.
La manufacture royale (née à Vincennes) était alors l'objet de toutes les sollicitudes, non seulement du roi, mais surtout de sa chère Pompadour. Inventant un genre promis à un brillant avenir, elle organisait chaque année avant Noël une grande exposition-vente à Versailles, sur invitation, à laquelle il eut été malséant de ne pas se rendre et carrément grossier de ne rien acheter. La marquise faisait d'ailleurs gentiment pression sur les hésitants pour leur éviter de repartir les mains vides !
À cette époque, la porcelaine était tendre, c'est-à-dire qu'elle n'était pas faite de kaolin comme celle de Chine ou de Saxe, mais d'une pâte tout aussi blanche et transparente, mais un peu moins dure.
C'est seulement en 1765, un an après la mort de la favorite, que le kaolin découvert dans le Limousin permit enfin la fabrication en France de la vraie porcelaine dure. Cette trouvaille providentielle ne révolutionna pas pour autant l'existence de la manufacture de Sèvres. La palette de couleurs tendres et fraîches qui faisaient sa réputation internationale, les bouquets aux mille nuances, les camaïeux bleu ou carmin, les mauves cailloutés d'or, se révélèrent mal transposables en « dur » et la pâte tendre poursuivit jusqu'à la fin de l'Ancien Régime une carrière sans nuages.
Cette période est aussi la préférée de Charles-Otto Zieseniss, qui y a focalisé sa collection de 230 pièces, majoritairement des assiettes. On aurait pourtant du mal à dresser une table homogène avec ces quelques vingt douzaines : toutes sont en effet différentes, représentant chacune l'échantillon d'un certain décor.
Différence de prix aussi. Les estimations vont de 4000/6 000 F (600/900 euros), un décor de simples fleurettes ou d'une légère guirlande d'or, à 50/80 000 F (7 500/1 2000 euros), une pièce du service de Madame du Barry ou de Marie-Antoinette, et même plus de 100 000 F (15 000 euros) une somptueuse assiette à décor de camaïeux à l'antique en réserve, sur fond bleu céleste, identiques à celles de la grande Catherine. Elles sont une douzaine à se rattacher ainsi à des services royaux ou princiers, et l'on peut imaginer une table de fête réunissant, autour du roi Louis XV et de son petit fils Louis XVI, l'impératrice Marie-Thérèse, la tsarine Catherine, Marie-Antoinette et sa sur Marie-Caroline de Naples, le Comte d'Artois, le cardinal de Rohan, pour un improbable dîner de têtes couronnées, découronnées, voire décapitées.
Jeudi 6 décembre, 15 h, 9, avenue Matignon, Christie's.
Au programme inaugural des « Anglais à Paris ». Christie's dirigera aussi deux autres ventes d'objets d'art, orfèvrerie, mobilier français XVIIIe : Collection Zieseniss, le 5 décembre à 18 h 30 ; divers, le 7 décembre à 11 h et 14 h 30. Sotheby's (76, rue du Faubourg-Saint-Honoré), orchestrera sur les mêmes thèmes le 5 (10 h et 14 h 30) et le 6 décembre (14 h 30).
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