Si dans le tabac existent différentes substances (nicotine et d'autres alcaloïdes), c'est essentiellement la nicotine qui crée la dépendance du fumeur, cette dépendance reposant sur des bases génétiques, mais également sur des pressions de l'environnement (stress, notamment).
Les études réalisées chez le rat ont montré que l'injection intracérébrale de nicotine entraînait une libération de dopamine dans le noyau accumbens. De même, une lésion des neurones dopaminergiques entraîne une chute de l'envie de nicotine. Ces résultats ont été retrouvés de manière comparable chez l'homme, chez qui une inhibition partielle des récepteurs à la dopamine, par l'injection d'une faible dose de neuroleptique, a eu pour conséquence l'augmentation du nombre de cigarettes fumées, augmentation compensatoire pour obtenir le même effet agréable de la nicotine.
Sevrage : un état dysphorique chez le rat
En réalité, des phénomènes de neuroadaptation se mettent en place, créant ainsi un phénomène de dépendance qui dure très longtemps (plusieurs mois). En outre, chez des rats prétraités par la nicotine, l'injection d'amphétamine quatorze jours plus tard a permis de constater une dépendance plus forte, témoignant ainsi d'une sensibilité croisée entre ces deux substances qui agissent au niveau des neurones dopaminergiques.
Le syndrome de sevrage à la nicotine a pu être mesuré chez le rat : sauts (fuite), ébrouement de tout le corps (frissons), tremblements de tête, mastication, hoquets, clignement des yeux, yeux mi-clos, lèchage des pattes, toilette génitale, grincement des dents, contractions abdominales, bâillements... Simultanément de cet état dysphorique, un effondrement de la libération de dopamine est constaté dans le noyau accumbens lors de l'abstinence à la nicotine.
Cet état dysphorique pourrait être un facteur clef dans le phénomène de rechute du sevrage tabagique. En effet, il suffit d'inhiber partiellement le temps de recapture de la dopamine (ce que fait le bupropion) pour corriger, en termes de neurochimie, le phénomène de manque. Le bupropion, en effet, pourrait aider au sevrage tabagique en réduisant la dépression dopaminergique associée au manque. Les différentes études réalisées montrent que, deux fois plus efficace que le placebo, le bupropion a une place en première ligne pour l'aide à l'arrêt du tabac. Néanmoins, ces contre-indications doivent être scrupuleusement respectées et le suivi médical est indispensable.
D'après la communication de L. Stinus (Paris) lors de la 3e Journée d'actualité en pneumologie, organisée par GlaxoSmithKline.
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