Le premier temps du traitement d'un patient alcoolodépendant est l'arrêt de la consommation d'alcool, qui peut être réalisé soit en ambulatoire, soit en milieu spécialisé hospitalier. Complet et immédiat. Cette période critique nécessite un traitement médicamenteux pour éviter incidents et accidents. Les incidents sont constitués par les symptômes du sevrage : tremblements, sueurs, anxiété, troubles du sommeil, etc. Les accidents graves sont le delirium tremens et les crises d'épilepsie de sevrage.
Pour assurer au patient un confort physique et psychologique, des benzodiazépines sont prescrites pendant huit à dix jours, à des posologies variables adaptées à l'état du patient.
L'aide momentanée des benzodiazépines
Dès que l'abstinence est réalisée, les doses sont progressivement diminuées, pour éviter les phénomènes de rebond, puis le traitement arrêté. En effet, on sait que les patients alcoolodépendants ont une sensibilité particulière à développer d'autres dépendances, notamment aux benzodiazépines. Pour éviter la déshydratation, une hydratation orale, à raison de 2 à 3 litres de liquide par jour, suffit. Une vitaminothérapie B1 est associée. Dans la majorité des cas, le sevrage est fait en ambulatoire, à condition que la prise en charge psychothérapique soit très serrée. Le patient est alors vu une ou deux fois par semaine. Ailleurs, le sevrage est fait en milieu hospitalier : dans un service spécialisé, dans un service d'alcoologie ou dans une unité d'addictologie, voire dans un service de médecine ou de psychiatrie à condition qu'il existe une orientation dans ce sens. Le sevrage en milieu hospitalier est proposé : quand il y a eu plusieurs échecs de cure de sevrage ambulatoire et qu'on sait que le sujet ne va pas arriver à se sevrer ; lorsque existe une pathologie associée telle qu'une dépression avec risque de suicide ou une pathologie somatique liée à l'alcoolisme qui va nécessiter une surveillance et un traitement plus spécifiques.
L'accompagnement du sujet alcoolodépendant après un sevrage a fait l'objet d'une conférence de consensus en mars 2001. Après avoir obtenu le sevrage, l'objectif est de le maintenir, en principe de façon définitive. On dispose actuellement de deux médicaments qui diminuent l'appétence pour l'alcool : l'acamprosate (Aotal), à la posologie de 4 à 6 cp/j et la naltrexone (Revia), à la posologie de 1 cp/j. A six mois ou un an, les patients consomment moins d'alcool (< 20-30 %) que des patients sous placebo. C'est un traitement qui doit être débuté de huit à dix jours après le sevrage et poursuivi pendant une période de six mois. Chez d'autres patients, on peut proposer le disulfiram (Esperal) qui agit par effet antabuse. Mais il faut des patients très motivés, car la prise concomitante d'Esperal et d'alcool n'est pas sans risque.
La psychothérapie pour maintenir l'abstinence
A côté du traitement chimiothérapique, les traitements psychologiques sont d'une importance considérable. Une psychothérapie de soutien peut être réalisée par les médecins généralistes, les alcoologues, les psychiatres, les gastro-entérologues ou tout autre spécialiste, pour peu qu'ils aient un peu d'expérience et d'intérêt pour le traitement de l'alcoolisme. L'essentiel est d'établir une relation solide de confiance avec le patient et de la maintenir. La psychanalyse et les psychothérapies d'inspiration analytique peuvent être proposées aux patients les plus motivés, afin d'approfondir leur relation à l'alcool. Les thérapies cognitives et comportementales se développent depuis quelques années dans le traitement de l'alcoolodépendance. C'est une sorte de rééducation psychologique et comportementale visant à modifier les comportements vis-à-vis de l'alcool. Les techniques de groupes, très diverses, sont très utiles : groupes de discussion et d'information sur l'alcoolisme, groupes d'anciens alcooliques (Alcooliques anonymes, Vie libre, Croix d'or...). Enfin, il faut rencontrer les familles des patients et éventuellement proposer des thérapies familiales.
Le volet social du traitement comprend l'intervention des assistantes sociales et des travailleurs sociaux, parallèlement aux interventions médicales.
Un réseau étroit de soins
Actuellement, on considère que la meilleure prise en charge des patients alcoolodépendants nécessite un réseau de soins, comprenant un médecin généraliste, éventuellement un spécialiste ou un psychiatre, un psychothérapeute et des travailleurs sociaux.
Aux patients le plus fragiles psychologiquement dans leur relation à l'alcool, une postcure est proposée dans un centre spécialisé. Il s'agit d'une prise en charge d'ordre institutionnel et psychothérapique, d'une période de un à trois mois.
D'après un entretien avec le Pr Jean Adès (hôpital Louis-Mourier, Colombes).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature