Après le vote cette semaine de la loi d’habilitation sur l’accessibilité, la balle est dans le camp du gouvernement, qui va devoir organiser par ordonnance au début de l’été la transition vers le 100% dans les lieux accueillant du public. Curieusement, au Sénat comme à l’Assemblée, il a été très peu question des blouses blanches ces dernières semaines. Comme si, chez les soignants, la mise aux normes allait de soi. à ce jour, on ignore à la vérité l’ampleur du chantier à réaliser chez les professionnels de santé. Une récente enquête de l’Irdes suggère des problèmes réels d’accès des personnes handicapées concernant les soins gynécologiques et dentaires. Mais il faudra attendre un peu pour évaluer la donne sur l’ensemble des soins primaires. On peut néanmoins affirmer que des milliers de locaux professionnels vont devoir être mis aux normes dans les quatre prochaines années.
À commencer, bien sûr, par ceux qui abritent les médecins qui exercent en solo. Il s’agit d’une population qui ne rechigne pas sur la charge de travail, qui ouvre volontiers ses portes au tout venant et que ne concernent ni les 35 heures, ni les dépassements. Mais la médaille à son revers : ils n’ont souvent ni le temps de moderniser leurs installations, ni les provisions qui leur permettraient d’investir. Attention, c’est avec eux que la transition pourrait être la plus délicate. Médecin elle aussi, Ségolène Neuville, la nouvelle secrétaire d’Etat, doit s’en soucier, faute de quoi dans un contexte démographique fragile pour la médecine générale, encore rappelé par l’Ordre la semaine dernière, l’objectif 100% accessible risque de se solder dans certaines zones par des fermetures pures et simples de cabinets.
Il ne viendrait évidemment à l’idée de personne de remettre en cause le grand chantier de l’accessibilité aux handicapés. Et surement pas à des soignants ! Chacun conviendra d’ailleurs que l’échec du 100% en 2015 n’est pas vraiment à l’honneur de l’Hexagone. Pour autant, s’ils veulent faire progresser l’accès aux soins pour tous, les pouvoirs publics doivent comprendre qu’il va falloir y mettre de la souplesse, de l’adaptabilité et des moyens. Quitte à soutenir financièrement les acteurs de santé pour éviter que ce dossier ne soit perçu sur le terrain comme une énième tracasserie pondue par des bureaucrates tatillons. Il en va de l’accessibilité des locaux, comme de la PDS, des FSE ou de la coordination des soins : les médecins joueront le jeu, pour peu qu’on leur en donne les moyens.
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