O N sait que le Groupe Servier cultive sa différence dans le monde de la pharmacie mondiale, ce qui se manifeste aussi par la place qu'il donne aux CIRT, structures destinées à accroître l'internationalisation du groupe en facilitant la R&D, tout en tenant compte des particularités locales ou régionales.
Les premiers CIRT ont vu le jour entre 1984 et 1988 en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Espagne et en Italie. Progressivement, le champ d'action des CIRT a été élargi avec création d'un CIRT pour l'Europe centrale et orientale, en Australie, au Canada. C'est aujourd'hui le tour de l'Amérique latine, avec la création du CIRT de Rio de Janeiro (« le Quotidien » du 23 juillet). D'autres sont programmés en Chine, où le groupe est déjà très présent, et pour le reste de l'Asie.
Cette accélération de la création de CIRT Servier dans le monde se justifie par la progression constante de l'effort de recherche, Servier comptant actuellement 5 produits en phase III. Cela impose la mise en place de structures gérant le travail de très nombreux investigateurs, le nombre de ces derniers dépassant actuellement les 10 000.
Favoriser les partenariats de recherche
Le rôle des CIRT va au-delà de la simple mise en place et la gestion d'essais cliniques destinés au développement de telle ou telle molécule. Il s'inscrit dans une stratégie d'implantation à long terme comprenant le développement de partenariats avec les médecins universitaires et chercheurs de l'ensemble des pays. On sait en effet que le Dr Jacques Servier tient au développement de cette stratégie dans des pays qu'il considère encore comme sous-utilisés pour la recherche pharmaceutique, compte tenu de la qualité de leurs équipes de cliniciens et de chercheurs.
La création d'un CIRT à Rio de Janeiro en 2001 ne peut que surprendre les analystes financiers, tout accaparés par la crise économique argentine et sa propagation au Brésil et à d'autres pays d'Amérique latine.
Pour le Dr Jacques Servier, ces arguments ne sont pas prioritaires, et il aime d'ailleurs à rappeler que, contrairement à la plupart des grands laboratoires multinationaux, il avait décidé de maintenir sa structure en Russie, lors de la tourmente financière qui a balayé récemment ce pays. Pour lui, ce choix repose sur une double croyance : on ne peut pas changer de stratégie de recherche et de développement et d'implantation au gré des fluctuations économiques. En outre, une telle attitude est très mal vécue par les responsables et par les médecins de ces pays qui se voient du jour au lendemain abandonnés ou relégués au rang de citoyen de seconde zone.
Pour les responsables du laboratoire français, une telle stratégie prévaut tout particulièrement en Amérique latine qui dispose de centres hospitalo-universitaires de très grande qualité et dont les besoins médicaux sont très proches de ceux des pays européens ou nord-américains. En effet, exception faite de la grande fréquence des morts violentes ou par accident, la morbi-mortalité de ces pays accorde des places prépondérantes aux maladies cardio-vasculaires et au diabète. Un mouvement qui ne peut que s'accélérer pour différentes raisons.
Le choix de l'Amérique latine
La création du CIRT va donc de pair avec le développement de partenariats avec des équipes hospitalo-universitaires de premier plan (au total, près d'une centaine d'équipes argentines, brésiliennes, chiliennes, mexicaines travaillent déjà sur des programmes de recherche Servier). Sans parler de partenariats spécifiques avec, par exemple, l'Institut national de cardiologie de Sao Paulo et le Fundapress de Buenos Aires (Fondation pour l'étude et le traitement de l'HTA et des risques associés).
Concrètement, le CIRT de Rio est engagé dans des programmes de phase III sur le Procolan, nouveau réducteur de la fréquence cardiaque, et l'Argomelatine, nouvel antidépresseur. D'autres programmes de phase III porteront sur le mitiglinide (antidiabétique oral) et l'Aérodiol (THS).
Une stratégie au service d'un développement industriel
Par ailleurs, les responsables du Groupe Servier espèrent bien que ces partenariats contribueront à l'expansion de leur groupe qui est déjà présent dans vingt pays d'Amérique latine pour un chiffre d'affaires qui, en 2000-2001, approchera les 525 millions de francs, soit environ 80 millions d'euros. L'objectif pour 2005 est d'atteindre, pour l'Amérique latine, un chiffre d'affaires de 1, 8 milliard de francs, soit 275 millions d'euros. Une croissance qui sera également soutenue par la constructon d'un centre de fabrication, également près de Rio, et qui sera opérationnel en 2003.
Ces objectifs sont jugés tout à fait réalistes en dépit des difficultés économiques actuelles, tout d'abord parce qu'on ne saurait oublier que l'Argentine, le Brésil et le Mexique font partie des 12 premiers marchés pharmaceutiques mondiaux (respectivement à la 12e, 8e et 11e place). Ensuite, font remarquer les responsables de Servier, la croissance des besoins médicaux de ces pays font que la réalité économique pharmaceutique a et conservera une spécificité au sein de l'économie générale de ces pays.
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