VISIBLEMENT HEUREUX, le Dr Jacques Servier a tenu à annoncer que l'extension de son centre de recherche de Croissy-sur-Seine (Yvelines) atteindrait 21 000 m2, soit l'équivalent de la surface actuelle du centre créé en 1994 déjà, pour concentrer les recherches dans deux domaines clés : d'une part, les neurosciences et, d'autre part, la cancérologie.
A terme, ce sont quelque 200 chercheurs supplémentaires qui devraient rejoindre ceux qui travaillent déjà à Croissy, la première phase d'installation prévue pour la fin de 2008 concernant des équipes de chimie thérapeutique, de très haute technologie en chimie analytique ainsi que l'ensemble du département d'informatique scientifique. A cette occasion, Jacques Servier a insisté sur l'importance de la conception même des locaux qui, grâce à la vieille complicité avec l'architecte Jan Losowski, ont pour objectif de créer un climat propice au travail, aux échanges, mais aussi de faire que les gens qui viennent y travailler s'y sentent aussi bien que possible.
Bien sûr, les équipes travaillant à Croissy sont internationales et, à côté des chercheurs à plein temps, il est prévu d'y accueillir de nombreux post-doctorants ou étudiants en thèses.
Des projets essentiels.
Tout en répondant à une question sur l'implication de Servier dans les biotechnologies, Jacques Servier a tenu à redire que, pour lui, l'intégration des biotechnologies était devenue indispensable dans une structure de recherche pharmaceutique, mais que, a contrario, ce n'est pas la technologie elle-même qui crée le médicament utile. L'important est de trouver les bonnes pistes en fonction des moyens dont dispose la structure de recherche. Une politique qui a déjà commencé à porter ses fruits en cancérologie comme dans le système nerveux central. En cancérologie, Servier a une molécule en phase I (il s'agit d'un agent cytotoxique ayant un mécanisme d'action originale) et deux molécules en phase préclinique. A plus long terme, cinq grands projets thérapeutiques ont été définis ; ils portent sur les protéines kinase, la régulation de l'apoptose et l'angiogenèse.
Dans le domaine du système nerveux central, les espoirs de Servier sont encore plus nombreux et mûrs, sans parler de l'agomélatine actuellement en phase d'enregistrement : quatre molécules en phase II, une molécule en phase III et huit molécules en phase préclinique, avec trois grandes orientations de recherche : les antipsychotiques, les antidépresseurs et les troubles cognitifs.
Le fruit d'une politique.
A l'occasion de l'annonce de l'extension du centre de Croissy, Jacques Servier a présenté, avec une satisfaction non dissimulée, les résultats du groupe pour 2006 : le chiffre d'affaires consolidé de 3,3 milliards d'euros est en croissance de 16,6 %, le pourcentage atteignant même 18,4 % pour l'international. Aujourd'hui, 80 % de la consommation des médicaments Servier est faite à l'étranger, alors même que 65 % de la production vient de France. De tels chiffres amènent le Dr Jacques Servier à deux constats : le groupe a totalement raison de miser sur des pays émergents ou connaissant un redéploiement économique important (Russie, Pologne, Brésil, Turquie - Canada, Chine - Ukraine…). Dans de tels pays, la croissance du chiffre d'affaires frôle ou dépasse les 50 %. Cela permet de compenser la stagnation du marché français, ce qui ne console pas totalement le Dr Servier, en particulier pour ce qui est de l'avenir de notre pays dans le monde du médicament. Il a même des mots assez durs sur un «management discutable de la politique du médicament» même s'il veut croire que les choses pourraient s'améliorer à moyen terme. Encore faudrait-il que la recherche légitime d'économies passant notamment par une politique de génériques ne se fasse pas de façon trop brutale «en manquant de respect à la propriété intellectuelle».
«Après qu'on nous a conseillé de nous lancer dans l'aventure génériques, nous l'avons fait et aujourd'hui Biogaran est dans le duo de tête des génériqueurs en France. Pour autant, nous pensons que notre vrai métier est la découverte de nouveaux médicaments innovants.»
En un mot, le Dr Jacques Servier demande que la politique à court terme ne compromette pas l'avenir à plus long terme : il est bien placé pour formuler cet espoir dans la mesure où il a redit que la structure de sa société avait justement pour but d'éviter les aléas de pression à court terme d'un actionnariat, ce qui lui paraît peu compatible avec le cycle de développement et de vie des médicaments.
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