De notre envoyé spécial
Servier a été le premier groupe pharmaceutique français à s'être installé en Chine dès 1979. Une implantation particulièrement réussie, si l'on en juge par les chiffres de ventes qui atteindront 40 millions d'euros en 2002, le chiffre d'affaires consolidé Chine plus Hong Kong se situant aux alentours de 50 millions d'euros.
Aujourd'hui, Servier est la vingt-huitième société pharmaceutique en Chine, avec environ 0,6 % du marché général et près de 10 % dans les secteurs où le laboratoire est présent. L'objectif pour Servier est de progresser encore, plus précisément de dépasser le 1 % de part de marché et, à plus ou moins long terme, de figurer dans les dix premiers laboratoires pharmaceutiques présents en Chine. D'où la décision du groupe français d'intensifier ses investissements en créant un centre de production important, situé à 150 kilomètres de Pékin, à Tianjin. Un nouvel ensemble inauguré il y a quelques jours par l'ambassadeur de France en Chine, Jean-Pierre Lafon, et le directeur général de l'entreprise française, le Dr Jean-Philippe Seta.
Les bons résultats obtenus en Chine par Servier s'expliquent par le succès des dix médicaments enregistrés par la firme dans ce pays : tout d'abord, Diamicron (plus d'un diabétique chinois sur six est traité par ce produit), mais aussi Duxil ou Coversyl. D'abord centrée sur le diabète et la neurologie, l'activité de Servier en Chine couvre désormais la cardiologie (HTA et insuffisance cardiaque), le traitement de la maladie de Parkinson, la dépression, les maladies veineuses et la cancérologie. Cinq autres médicaments issus de la recherche Servier devraient être enregistrés d'ici à la fin 2003 (Hyperium, Preterax, Arcalion, Locabiotal et Diamicron MR).
Des liens étroits avec le monde médical et scientifique
Comme l'a souligné, lors de l'inauguration du nouveau centre de production, Jean-Pierre Lafon, ambassadeur de France en Chine, la réussite de Servier est exemplaire car elle s'explique aussi par le développement de liens étroits avec le monde médical et scientifique de ce pays, s'inscrivant parfaitement dans le cadre de la coopération franco-chinoise dans le domaine de la santé.
En effet, dès 1981, Servier a créé avec Air France une première Journée médicale France-Chine, en partenariat avec la Chinese Medical Association ; journée qui est annuelle et se déroule alternativement en France ou en Chine.
Parallèlement, des programmes de recherche ont été mis en place avec des structures hospitalo-universitaires réparties sur tout le territoire chinois, de même que d'importants programmes d'épidémiologie et de santé publique menés conjointement avec des autorités médicales chinoises, tout particulièrement dans le domaine de la diabétologie et des neurosciences. Les besoins de collaboration sont d'autant plus grands que l'on estime que le nombre de diabétiques de type 2, évalué à 22 millions en l'an 2000, devrait atteindre 30 millions en 2015 et 38 millions en 2025. Si l'on ajoute à cela la création de prix de recherche, on comprend que Servier a su développer des liens très particuliers avec le corps médical chinois.
Un pôle de R&D Servier
Une étape de plus a été franchie il y a un an avec la création de Servier (Beijing) Pharmaceutical Research and Development Company Limited, pôle qui a un double objectif : d'une part, accélérer la découverte de nouvelles molécules issues de la médecine traditionnelle chinoise, notamment dans les domaines du diabète, du cancer ou du vieillissement cérébral, et, d'autre part, étendre à la Chine le développement clinique international des molécules issues de la recherche grâce à la mise en place de son douzième Centre international de recherche thérapeutique (CIRT) dans le monde.
Dans le passé récent, la Chine a déjà participé activement aux grands essais cliniques menés par le groupe Servier, fournissant, par exemple, un millier de patients à l'étude PROGRESS. Dans l'étude ADVANCE, la Chine, par l'intermédiaire de cinquante centres chinois, a recruté environ le tiers des 10 000 patients nécessaires à cette étude.
La nécessité de renforcer la production locale
Pour s'implanter dans ce marché difficile que demeure la Chine, Servier a tout d'abord exporté des médicaments puis emprunté la voie des licences de fabrication. Le premier accord de ce type, signé dès 1987, portait sur la fabrication de Diamicron par l'entreprise Huajin Factory. Une collaboration qui s'est révélée si fructueuse que cette entreprise est restée partenaire de Servier pendant quinze ans et, en juin 2000, a été choisie comme acteur d'un joint-venture avec la nouvelle société créée par Servier, Servier Tianjin Pharmaceutical Company Ltd, cela afin d'assurer la production, la promotion et la distribution des spécialités pharmaceutiques Servier en Chine.
C'est dans ce cadre que la décision a été prise de construire un centre de production dans la même ville de Tianjin qui, aux environs de Pékin, se targue d'être la Shanghai du Nord. Cet investissement de 15 millions d'euros a permis de construire un centre de 3 800 m2 capable de produire à terme 36 millions de boîtes par an ; la production commencera par Coversyl et Duxil, la nouvelle forme de Diamicron étant le troisième produit devant sortir du centre de Tianjin.
Mais cette description industrielle ne doit pas cacher un parti-pris architectural, celui du Dr Jacques Servier et de son fidèle architecte Yann Losowski, qui consiste à créer des bâtiments assurant au personnel le cadre de vie le plus agréable possible, mais aussi en s'intégrant à la culture du pays, par l'utilisation des matériaux traditionnels (en particulier la tuile chinoise). Un effort d'autant plus méritoire que, dans cette zone industrielle, l'usine Servier devient le seul bâtiment rappelant que l'on est en Chine. Il va de soi que cette volonté de respecter la tradition n'empêche en rien un équipement ultramoderne.
Le pari de l'innovation et de l'international
Lors de cette inauguration, le Dr Jean-Philippe Seta, directeur général du groupe Servier, a rappelé que l'implantation de son groupe en Chine était une nouvelle illustration d'une politique globale déjà ancienne et trop méconnue : présent dans 140 pays avec quelque 15 000 collaborateurs, Servier réalise désormais près de 80 % de ses ventes à l'international.
Un développement industriel qui accompagne toujours la recherche de contacts privilégiés avec les chercheurs et médecins des pays concernés. Cette politique conduit à privilégier des zones souvent délaissées par l'industrie pharmaceutique, laquelle parie d'abord sur les Etats-Unis et l'Europe.
L'autre atout de Servier est un très gros effort de recherche et de développement : 65 molécules Servier sont en cours de développement, 7 sont en phase III, dont 4 nouvelles entités chimiques totalement innovantes et créant de nouvelles classes pharmacologiques dans les traitements de l'ostéoporose, de la dépression et des maladies cardio-vasculaires. Enfin, conclut le Dr Seta, le fait d'être un laboratoire indépendant est un avantage certain : cela permet de se donner plus de temps pour découvrir et développer de nouveaux produits et par ailleurs, cela favorise la création de liens durables, basés sur la confiance, avec les pays et les professionnels de santé des différents pays. Là aussi, et particulièrement en Chine, il faut du temps.
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