Le degré d'ensoleillement agit sur l'activité sérotoninergique du cerveau. Il peut ainsi modifier notre comportement en fonction des saisons. Le rôle de la lumière dans la survenue de dépression saisonnière était déjà suggéré par l'efficacité de la photothérapie. La mise en évidence de l'effet du soleil sur la production cérébrale de sérotonine, publiée aujourd'hui dans le « Lancet », semble confirmer cette hypothèse.
Pour aboutir à ce résultat, Lambert et coll. (Baker Heart Research Institute, Melbourne, Australie) ont prélevé du sang au niveau de la veine jugulaire interne chez 101 sujets volontaires. Ce mode de prélèvement permet de recueillir le sang veineux provenant du cerveau. La concentration des neurotransmetteurs et de leurs métabolites a ensuite été mesurée dans ces échantillons sanguins.
En comparant la concentration des neurotransmetteurs dans le sang veineux à celle mesurée dans des prélèvements effectués au niveau d'une artère, les auteurs ont pu évaluer les quantités de sérotonine, de noradrénaline et de dopamine produites dans le cerveau des volontaires. L'effet de la lumière du soleil sur les quantités de neurotransmetteurs produites a été étudié tout au long d'une année. Lambert et coll. ont également mesuré la concentration du métabolite majeur de la sérotonine, l'acide 5-hydroxyindol acétique (5-HIAA), dans le plasma artériel afin de rechercher un éventuel effet de la lumière sur la synthèse et le relargage de la sérotonine en dehors du cerveau. Tous les prélèvements ont été effectués le matin, les participants à l'étude s'étant abstenus de fumer et de consommer des boissons caféinées au cours des douze heures précédentes.
Valeurs les plus importantes les jours ensoleillés
Les détails météorologiques nécessaires à l'étude ont été obtenus auprès du bureau australien de la météorologie. Les températures minimales et maximales, la pression atmosphérique moyenne, les précipitations et le nombre d'heures d'ensoleillement ont été notés quotidiennement pendant toute la durée de l'étude.
L'analyse de l'ensemble des données ainsi obtenues a montré que la vitesse de renouvellement de la sérotonine dans le cerveau était réduite pendant les mois d'hiver. De plus, quel que soit le mois de l'année, la quantité de sérotonine produite par le cerveau est modifiée par les changement de luminosité, les valeurs les plus importantes étant observées les jours ensoleillés.
Bien que les prélèvements soient effectués le matin, ce taux de renouvellement est corrélé de manière significative avec le degré d'ensoleillement le jour du prélèvement et non pas avec le nombre d'heures de soleil observé la veille. Cela suggère que la vitesse de renouvellement de la sérotonine est ajustée selon l'intensité de la lumière dès le matin.
Les auteurs n'ont pu mettre en évidence des associations significatives entre d'autres facteurs environnementaux et la production cérébrale de la sérotonine.
Par ailleurs, ils n'ont pu détecter des variations dans la vitesse de renouvellement de la dopamine et le la noradrénaline en fonction de la saison ou du degré quotidien d'ensoleillement. Les dosages du 5-HIAA extracérébral n'ont pas non plus montré de variations saisonnières.
Le développement d'une technique permettant la mise en place d'un cathéter en haut de la veine jugulaire interne de sujets en bonne santé a donc permis de confirmer un résultat déjà suggéré il y a vingt ans par Carlsson et coll., qui avaient montré que la concentration en sérotonine mesurée dans l'hypothalamus était plus faible chez les individus décédés en hiver.
Lambert et coll., « The Lancet » du 7 décembre 2002, pp 1840-1842.
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