UN NOMBRE croissant d'études témoigne d'une réponse immunitaire humorale dans des cancers pulmonaires et d'autres tumeurs solides, sous la forme d'autoanticorps associés aux tumeurs. Elles montrent aussi que ces anticorps peuvent être présents avant que la maladie devienne symptomatique. D'où leur intérêt dans la détection précoce de cancers très sévères, comme le cancer pulmonaire. S'intéressant à la présence d'anticorps spécifiques des cancers, C.J. Chapman et coll. (Nottingham, Royaume-Uni) ont appliqué au cancer pulmonaire les recherches qu'ils font dans le cadre du cancer du sein (voir encadré).
Les auteurs ont évalué le potentiel de détection du cancer pulmonaire d'un panel de sept autoanticorps. Ils ont sélectionné des antigènes de forte signification. L'oncogène c-myc, dont l'expression est observée dans une grande variété de tumeurs ; le gène suppresseur de tumeur P53, muté dans de nombreux cancers et qui a été le premier dont on a fait la preuve qu'il suscite des anticorps ; on a aussi montré que p53 peut s'élever chez des fumeurs, qu'ils aient ou non un cancer. Le panel inclut aussi des antigènes surexprimés comme HER2, ou exprimés sous une forme aberrante comme MUC1, à la surface cellulaire de nombreuses tumeurs solides (poumon, sein, estomac, prostate, ovaire). Sont aussi inclus deux antigènes décrits dans le cancer testiculaire (NYESO-1), qui induit aussi des anticorps dans le cancer pulmonaire, et CAGE, capable d'induire une réponse anticorps dans des cancers de l'estomac, du pancréas et du poumon. Pour finir, ils ont inclus un antigène récemment identifié qui participe à des voies de synthèse de l'ARN, l'antigène GBU4-5.
Ascension chez 76 % des patients.
Ils ont testé par ELISA le plasma de 50 témoins, de 82 personnes souffrant d'un cancer pulmonaire non à petites cellules et de 22 patients ayant un cancer pulmonaire à petites cellules.
Les résultats montrent une élévation du taux d'autoanticorps pour un antigène parmi les sept testés chez 76 % de l'ensemble des malades. La même chose est trouvée pour 89 % des patients N0 (sans ganglion envahi), qui sont donc à un stade précoce, avec une spécificité de 92 %. «Il n'y a pas de différences significatives dans les taux de détection des sous-groupes de cancer pulmonaire. On note toutefois que ce moyen a pu identifier plus de patients souffrant d'un carcinome épidermoïde (92 %) .»
Des autoanticorps ont été produits contre l'ensembble des sept antigènes associés à des tumeurs.
Le cancer pulmonaire reste longtemps silencieux au cours de son développement. De plus, les signes d'appel sont souvent ignorés des fumeurs, confondus avec l'irritation liée au tabac (qui est responsable à 80 % de ce cancer).
Quand le cancer pulmonaire est diagnostiqué à un stade précoce (stade I ou II), la survie à cinq ans est de 50 %. Si le diagnostic est réalisé au stade 0, quand le cancer est local et présent seulement dans les couches superficielles de l'épithélium bronchique, la survie à cinq ans approche 80 %. «Il y a donc un besoin urgent de trouver un test de dépistage permettant d'identifier les patients dont le cancer est à un stade précoce, où il y a encore une possibilité de guérison.»
« Thorax », 2007, édition en ligne.
Dans le cancer du sein aussi
«Nous avons récemment émis l'hypothèse que la mesure d'anticorps associés aux tumeurs pourrait, associée à la mammographie, aider à la détection des cancers mammaires», expliquent Chapman et coll. Dans un travail préliminaire, les auteurs rapportent une élévation de certains autoanticorps dans la circulation de patientes atteintes d'un cancer du sein invasif ou un carcinome ductal insitu, à un stade précoce.
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