Un certain nombre de patients atteints de sclérose en plaques ne répondent pas au traitement à l'interféron bêta. Les travaux d'un groupe de recherche allemand pourraient fournir aux médecins un moyen permettant de prédire, avant même de commencer le traitement, s'il sera efficace ou non sur un sujet donné.
Le Pr Frauke Zipp et son équipe (hôpital universitaire de la Charité, Berlin) ont en effet identifié une protéine dont le niveau d'expression est élevé chez les patients répondant bien à l'INF-bêta, alors qu'il est bas chez les sujets pour lesquels le traitement n'apporte aucun bénéfice. En dosant cette protéine, TRAIL (Tumour Necrosis Factor-Related Apoptosis Inducing Ligand), il devrait être possible de faire le pronostic du résultat à attendre d'un traitement à l'interféron bêta.
Frauke Zipp a commencé à s'intéresser à la protéine TRAIL voilà deux ans, lorsqu'il est apparu que l'expression de cette protéine était augmentée en présence d'interféron bêta. Les mécanismes par lesquels l'interféron bêta agit sur la progression des scléroses en plaques sont encore mal compris, mais la protéine TRAIL est certainement un des effecteurs de la cytokine. TRAIL jouerait un rôle immunorégulateur au niveau des cellules T.
Le niveau de TRAIL s'élève
Dans l'étude publiée cette semaine par le « Lancet », Wandinger et coll. ont mesuré l'expression de TRAIL dans les cellules immunitaires périphériques de patients atteints d'une sclérose en plaques. Ils ont cherché à corréler ce niveau d'expression avec la réponse clinique des patients à un traitement à l'interféron bêta. Il est apparu que, chez les patients répondant à l'interféron bêta, le niveau d'expression de TRAIL s'élève fortement en début de traitement, puis se maintient à un niveau élevé. En revanche, chez les patients ne répondant pas au traitement, si le niveau d'expression de TRAIL s'élève légèrement au départ, il ne se maintient pas.
En outre, les auteurs ont mesuré le niveau d'expression de TRAIL avant le début du traitement : les sujets chez lesquels l'utilisation d'interféron bêta conduit à des résultats satisfaisants montrent un niveau d'expression de TRAIL déjà élevé.
D'après les auteurs, si la concentration de TRAIL soluble mesurée chez un patient est supérieure à 584,1 ng/l, un traitement à l'interféron bêta apportera un bénéfice dans plus de 90 % des cas.
Wandinger et coll. ont cherché à comprendre quels étaient les facteurs qui déterminent le niveau d'expression de TRAIL chez un sujet donné. Ils ont réussi à identifier une région très polymorphe dans le promoteur du gène codant pour cette protéine. Cependant, ils n'ont pas réussi à établir un lien entre certains génotypes et l'efficacité du traitement de la sclérose en plaques par l'interféron bêta. La suite de leur recherche permettra peut-être d'éclairer ce point.
K.P. Wandinger et coll., « The Lancet » du 14 juin 2003, pp. 2036-2043.
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