U ne équipe autrichienne montre que, lors d'un premier épisode démyélinisant, la présence d'anticorps dirigés contre des protéines de la myéline (MOG et MBP) est un indicateur rapide, peu coûteux et précis d'une conversion rapide en sclérose en plaques (SEP) clinique.
On sait que 90 % des sujets porteurs d'une SEP commencent leur maladie par un syndrome cliniquement isolé dû à une lésion inflammatoire démyélinisante du nerf optique, du tronc cérébral ou de la moelle ; parmi eux, 30 % évoluent vers la SEP dans les douze mois suivants.
Les patients à haut risque de progression rapide vers une SEP cliniquement établie pourraient bénéficier tôt de traitements modifiant l'évolution de l'affection et qui ont montré récemment leur efficacité. C'est dire tout l'intérêt d'un travail autrichien publié dans le « New England Journal of Médicine », dans lequel Thomas Berger et coll. ont cherché à savoir si la présence d'anticorps sériques anti-MOG et anti-MBP permet de prédire le passage à une SEP chez 103 patients présentant un syndrome neurologique aigu isolé avec des signes suggérant une SEP à l'IRM (dans les deux premières semaines) et dans le LCR (bandes oligoclonales).
Les protéines MBP et MOG
Rappelons que la MBP (Myelin Basic Protein) et la MOG (Myelin Oligodendrocyte Glycoprotein) sont deux protéines de la myéline.
A l'entrée dans l'étude, on a recherché par western blot des anticorps anti-MBP et anti-MOG et les lésions IRM ont été quantifiées. Un examen neurologique à la recherche d'une rechute ou d'une progression (conversion vers une SEP clinique) était réalisé à l'entrée, puis tous les trois mois.
Résultat : les patients qui avaient des anticorps anti-MOG et MBP ont rechuté plus souvent et plus tôt que les autres. Sur 39 sujets séronégatifs, 9 seulement (23 %) ont eu une rechute et le délai moyen de rechute a été de 45,1 ± 13,7 mois. En revanche, 21 des 22 sujets (95 %) ayant à la fois des anti-MOG et des anti-MBP ont présenté une rechute dans un délai de 7,5 ± 4,4 mois et 35 des 42 patients (83 %) ayant seulement des anti-MOG ont eu une rechute dans un délai de 14,6 ± 9,6 mois (p < 0,001).
Par rapport aux sujets séronégatifs, le ratio ajusté pour la passage à une SEP clinique était de 76,5 pour les sujets positifs pour les deux anticorps et de 31,6 pour les sujets positifs pour l'anti-MOG seulement.
« Chez les patients qui ont un syndrome clinique isolé, l'analyse des anticorps contre MOG et MBP est une méthode rapide, peu chère et précise pour prédire une conversion rapide vers une SEP clinique. », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 10 juillet 2003, pp. 139-145 et perspective pp. 107-109.
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