A âge égal, rappelle l'équipe d'Eric Cheng (Los Angeles), les personnes atteintes de SEP ont la même espérance de vie que celle de la population générale. Elles ont donc besoin des mêmes mesures de prévention et de dépistage. Mais la réduction de leur mobilité ne constitue-t-elle pas un obstacle ? Pour le savoir, cette équipe a envoyé en 1996 un questionnaire à 1 164 femmes atteintes de SEP ; le taux de réponse a été de 80 % (930) ; l'analyse a porté sur 713 femmes.
Les données recueillies portaient sur la fréquence du frottis, de la mammographie et de l'examen des seins (pour celles qui avaient plus de 50 ans), la prise de tension artérielle, la mesure du cholestérol ; elles étaient analysées en fonction du degré de mobilité des femmes (totalement mobiles, mobiles avec une aide, non mobiles) et comparées aux recommandations en vigueur aux Etats-Unis pour les personnes en bonne santé (Healthy People 2000 Recommandations).
La moyenne d'âge était de 47 ans.
Globalement, les taux de frottis, de l'examen des seins et de la mammographie étaient supérieurs à ceux des recommandations. Mais si ces taux étaient effectivement supérieurs aux objectifs des recommandations dans le groupe des femmes mobiles, ils étaient inférieurs chez les femmes non mobiles (p inférieur ou égal à 0,05).
Par rapport aux femmes non mobiles, les femmes mobiles avaient 5,32 fois plus de frottis, 3,62 fois plus d'examens de seins et 3,24 fois plus de mammographies (p < 0,05 pour les trois paramètres). Un âge avancé était associé à un faible taux de frottis.
Pour ce qui est des autres paramètres (pression artérielle et cholestérol), ces différences n'existaient pas.
Ainsi, le recours des femmes aux services de prévention était plus faible chez les femmes non mobiles que chez les femmes totalement ou partiellement mobiles. Comment l'expliquer ? Les auteurs envisagent trois hypothèses :
- les médecins pourraient penser que ces patients n'ont pas l'espérance de vie nécessaire pour relever d'un tel dépistage ; mais les observations relevées pour le TA et le cholestérol montrent que ce n'est pas le cas ;
- les patientes pourraient être hésitantes à se plier à des dépistages qui peuvent être inconfortables et embarrassants ;
- l'organisation du dépistage n'est peut-être pas adapté aux patients qui ont des problèmes pour se déplacer.
« Les femmes à mobilité réduite devraient être considérées comme une population vulnérable pour l'accès à l'examen des seins, à la mammographie et aux frottis. Il faut des études pour identifier les facteurs en cause et évaluer des interventions destinées à réduire les écarts liés au degré de mobilité », concluent les auteurs.
« BMJ » du 27 octobre 2001, pp. 968-969.
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