C HEZ environ 85 % des patients, la SEP commence par une poussée suivie d'une rémission clinique complète, ou quasiment. Après cet accès, la plupart des patients s'engagent dans une phase secondairement progressive où vont s'accumuler les déficits neurologiques irréversibles.
Au stade clinique précoce, il est possible d'identifier de manière assez fiable les patients présentant un risque élevé d'apparition de lésions à un autre endroit du système nerveux central. Les marqueurs validés de récurrence sont : la présence de lésions supplémentaires à l'IRM, la notion de l'allèle DRB 1501 du CMH et une bande pauciclonale dans le LCR. Dans 50 à 60 % des cas, le syndrome démyélinisant est dit rémittent (évoluant par poussées entrecoupées de rémissions).
On sait que les interférons de type 1 sont actifs, réduisant dans la proportion d'un tiers le taux d'exacerbation de la maladie. Cela est attesté à la fois sur des critères cliniques et à l'IRM. Par ailleurs, l'intérêt d'un traitement précoce commence à recevoir un bon nombre d'arguments. Par exemple, une étude de deux ans chez des patients ayant une névrite optique isolée, a montré qu'un traitement par la prednisone réduit le risque précoce de conversion vers une SEP proprement dite.
Le Groupe d'étude du traitement précoce de la SEP, qui travaille à l'échelle internationale (Giancarlo Comi et coll.), a évalué l'effet de l'interféron bêta-1a (Rebif, des laboratoires Serono), à faible dose, sur les rechutes lors de la survenue d'un événement neurologique unique chez des patients à haut risque de conversion vers une SEP.
Les 278 patients de l'étude ont été assignés au hasard pour recevoir une fois par semaine de l'interféron bêta-1a (22 µg) ou un placebo. Une évaluation clinique a été réalisée tous les six mois et une IRM tous les douze mois.
Les résultats montrent qu'un nombre réduit de patients a développé une SEP proprement dite, cliniquement définie, dans le groupe sous interféron (52/154, soit 34 %) comparativement au placebo (69/154, soit 45 %, p = 0,047). Le délai écoulé pour une conversion vers une SEP chez un tiers des patients est allongé dans le groupe interféron : 569 jours versus 252 jours (p = 0,034). Les taux annuels de rechute étaient respectivement de 0,33 et 0,43. Enfin, le nombre de nouvelles lésions en séquence T2 à l'IRM et l'aggravation des lésions sont significativement moindres sous interféron.
Une deuxième lésion clinique est retardée
Ces résultats confortent l'hypothèse d'une plus grande sensibilité de la maladie au traitement par l'interféron lors de sa phase inaugurale. A cette étude ETOMS, s'ajoutent les résultats de l'étude CHAMPS (Controlled High-Risk Subjects Avonex Multiple Sclerosis Prevention Study, publiée dans le « NEJM » par Jacobs et coll. (« le Quotidien » du 28 septembre 2000), qui montrait aussi que l'apparition d'une deuxième lésion clinique est retardée par l'usage d'un interféron de type 1.
Ces démonstrations peuvent-elles avoir une application clinique ?, se demande George C. Ebers (Oxford) dans un commentaire joint au travail de Comi. Les deux études ont été stoppées trop tôt pour y répondre, fait-il remarquer. Dans aucune des deux les délais avant la deuxième lésion n'ont été différents de ceux relevés pour le stéroïde. On sait que l'interféron agit certainement pour une part par un effet anti-inflammatoire. Si l'on ne peut donner de réponse définitive concernant l'interféron, ces résultats ajoutent toutefois des arguments en faveur d'un traitement précoce. « Il est possible qu'une suppression d'un tiers des exacerbations puisse être réalisable de manière non spécifique, tandis que la suppression des deux autres tiers serait beaucoup plus difficile à obtenir », fait remarquer cet auteur. Un autre défi dans la SEP est le traitement des handicaps à long terme. Et ce travail n'y répond pas encore.
« Lancet », vol. 357, 19 mai 2001, pp. 1576-1582 et commentaire p. 1546.
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