SEP : l'impact prometteur d'Antegren, nouvel anticorps monoclonal humanisé

Publié le 30/09/2001
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Il n'existe aujourd'hui aucun traitement capable d'enrayer définitivement l'évolution de la sclérose en plaques (SEP). En revanche, l'interféron bêta (IFN ß), administré au long cours, permet, chez les patients présentant une forme rémittente de SEP, de réduire d'environ 30 % la fréquence des rechutes, voire de ralentir la progression de la maladie évaluée sur les paramètres cliniques et les études d'imagerie par résonance magnétique (IRM).

Des anticorps neutralisants

Comme les autres protéines injectables (interférons, facteurs de croissance...), l'INF ß peut induire le développement d'anticorps neutralisants qui retentissent de façon préjudiciable sur l'efficacité du traitement. La preuve en est apportée par différentes études cliniques et biologiques. A titre d'exemple, une étude menée par le Dr Antonio Bertolotto et son équipe (Orbassano, Italie) chez 76 patients traités par INF ß a montré que la diminution des rechutes était relativement modeste (20 %) chez ceux qui avaient développé des anticorps neutralisants, alors que dans le groupe de patients sans anticorps neutralisant, le taux de rechute était réduit de 60 %.
De récentes études ciblées sur les marqueurs biologiques de l'efficacité de l'INF ß, sVCAM-1 et MxA mRNA, corroborent les données cliniques. Il apparaît non seulement que la présence d'anticorps neutralisants réduit l'efficacité de l'INF ß dans la sclérose en plaques (1), mais aussi que les différents types d'INF ß utilisés n'ont pas la même immunogénicité.
Ainsi, de nombreuses données suggèrent que l'INF ß1a (Avonex) est associé à une plus faible incidence des anticorps neutralisants (2) que les deux autres formes d'INF ß indiquées dans le traitement de la sclérose en plaques. Son mode et sa fréquence d'administration (une injection intramusculaire, une fois par semaine) favorisent en outre une moindre immunogénicité (3).

De nouvelles perspectives thérapeutiques

Antegren (natalizumab) est un nouvel anticorps monoclonal humanisé, mis au point et développé par Biogen en collaboration avec Elan Pharmaceutical, dont le mécanisme d'action original fait entrevoir de nouvelles possibilités dans le traitement de la sclérose en plaques.
Le natalizumab, inhibiteur des intégrines alpha4, bloque l'adhésion de cellules immunes aux parois de vaisseaux, empêchant ainsi la migration des lymphocytes dans les tissus, et notamment leur accumulation au niveau des lésions cérébrales qui caractérisent la SEP.
Une étude contrôlée, multicentrique (26 centres aux Etats-Unis, Canada et Royaume-Uni), de phase II a été menée en double aveugle contre placebo chez 213 patients atteints de sclérose en plaques (certains avaient une forme rémittente de la maladie, d'autres une forme secondairement progressive). Pour évaluer l'efficacité du nataluzimab, le critère principal était l'apparition de nouvelles lésions.
Après randomisation, les patients recevaient Antegren (3 mg/kg ou 6 mg/kg) administré par voie veineuse toutes les quatre semaines pendant 6 mois, ou un placebo.
L'analyse des données de l'IRM montre que les patients qui ont reçu le traitement actif ont moins de nouvelles lésions que les patients sous placebo.
En outre, le nombre de rechutes est également réduit chez les patients traités (19 rechutes dans le groupe Antegren 3 mg/kg, 14 dans le groupe Antegren 6 mg/kg contre 19 dans le groupe placebo).
Pour le Pr George Rice (University of Western Ontario, London, Ontario, Canada), ces résultats suggèrent qu'Antegren, dont le mode d'action est différent de ceux de l'interféron bêta, pourrait avoir une place dans le traitement de la sclérose en plaques.
Deux études de phase III vont être mises en place très prochainement pour évaluer son efficacité dans la SEP, d'une part, en monothérapie et, d'autre part, en association avec Avonex.

Dublin. ECTRIMS 2001. Symposium organisé par les Laboratoires Biogen.
1) Rudick RA et al. Incidence and Significance of Neutralizing Antibodies to Interferon beta1a in Multiple Sclerose. Neurology 1998 ; 50 : 126-1272.
<*L>2) IFNß Multiple Sclerosis Study Group. Neutralizing Antibodies During Treatment of Multiple Sclerosis with Interferon beta1b : Experience During the First Three Years. Neurology 1996 ; 47 : 889-94.
<*R>3) Ross C. et al. Immunogenicity of Interferon beta in Multiple Sclerosis Patients : Influence of Preparation, Dosage, Dose Frequency and Route of Administration. Ann Neurol ; 2000 ; 48 : 706-12.

Dr Micheline FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6978