SEP : les éléments en faveur d'un facteur viral

Publié le 15/05/2001
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M ALADIE inflammatoire démyélinisante du système nerveux central, la sclérose en plaques a une étiopathogénie probablement multifactorielle. Un des mécanismes évoqués est une réaction auto-immune, dirigée principalement contre les composants de la myéline, et probablement induite par des facteurs environnementaux, parmi lesquels les virus sont des candidats favoris depuis des décennies.

Plus récemment, une association avec des virus de la famille des Herpesviridiae ou des Retroviridiae a été suggérée par les résultats de différentes études. En effet, plusieurs équipes ont montré la production de particules rétrovirales dans des cultures cellulaires de patients atteints de sclérose en plaques. L'analyse de l'ARN encapsidé dans ces particules a permis d'obtenir des clones chevauchants correspondant à l'ensemble d'un génome rétroviral original qui fut provisoirement appelé « élément rétroviral associé à la sclérose en plaques » (MSRV). Les sondes nucléiques MSRV ont révélé l'existence d'une nouvelle famille rétrovirale endogène homologue (HER-W) dans l'ADN humain.

Une famille rétrovirale endogène

La poursuite de cette étude a permis à ce jour de mettre en évidence d'autres résultats : il existe une expression physiologique « tissus-spécifique » de protéines Gag et Env HER-W ; on retrouve une expression non physiologique dans les zones démyélinisées du cerveau ; plusieurs provirus endogènes HER-W sont retrouvés dans des localisations chromosomiques de « susceptibilité à la sclérose en plaques » ; les particules MSRV ainsi que la protéine recombinante Env ont des effets de type « superantigène » sur les lymphocytes T ; enfin, certains virus herpès peuvent transactiver l'expression rétrovirale MSRV. Ces différents résultats permettent de mieux comprendre l'étiopathogénie de la sclérose en plaques. Il est en effet possible d'envisager qu'une transactivation initiale et récurrente d'un élément MSRV/HER-W par un virus herpès (HHV6, HSV1, EBV, etc.) puisse être à l'origine d'une « réaction en chaîne » pathogénique débouchant sur une pathologie immunologique associant « hyperinflammation » et auto-immunité, comme cela paraît être le cas dans la sclérose en plaques.

D'après la communication du Pr Jean-François Bach, lors des 3es Journées francophones de virologie.

Dr B. V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6918