Ces conclusions résultent d'un essai clinique multicentrique randomisé de grande échelle mené par des chercheurs britanniques de la Peninsula Medical School (Plymouth).
Zajicek et coll. ont recruté 611 patients atteints de SEP stabilisée et associée à une spasticité musculaire importante. Ces malades ont été répartis de manière aléatoire en trois groupes homogènes. Les patients du premier groupe ont reçu des gélules contenant du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), la principale substance psychoactive du cannabis. Ceux du deuxième groupe ont été traités avec des gélules contenant un extrait total de cannabis. Les malades du troisième groupe ont reçu des gélules placebo.
Evolution de la spasticité
Zajicek et coll. se sont attachés, dans un premier temps, à évaluer l'effet des trois traitements sur l'évolution de la spasticité. Selon les scores de Ashworth obtenus par les patients avant, pendant et après l'essai, l'usage du THC ou d'extrait total de cannabis ne réduit pas plus l'intensité de ces troubles musculaires qu'un simple placebo.
Objectivement, les cannabinoïdes n'apportent donc pas de bénéfices aux malades souffrant de SEP, tout du moins pour la spasticité associée à la maladie. Cependant, les patients traités par le cannabis ont ressenti une amélioration subjective de leurs symptômes : 60 % de ceux sous TCH (contre 46 % de ceux sous placebo) ont ressenti une diminution de leurs troubles musculaires.
Par ailleurs, 54 % des participants recevant des cannabinoïdes contre 37 % de ceux recevant un placebo ont ressenti une diminution significative de l'intensité de l'ensemble de leurs douleurs.
Plus encore, une réponse objective au traitement par le cannabis a pu être observée concernant la mobilité des malades : le temps nécessaire à un déplacement de 10 mètres est significativement réduit chez 12 % ayant reçu des gélules de THC (contre 4 % dans le groupe placebo).
Bien que leur effet objectif sur la spasticité soit identique à celui d'un placebo, les cannabinoïdes présentent donc un intérêt thérapeutique dans la SEP : ils agissent au moins sur la mobilité et la douleur.
Rapport bénéfice/risque
Quant à l'amélioration de spasticité décrite pas les patients - aussi subjective soit-elle - ne devrait-elle pas être prise en considération ? La réponse à cette question dépend essentiellement du rapport bénéfice/risque associé à l'usage thérapeutique du cannabis. Mais trop peu de données sont aujourd'hui disponibles pour que ce rapport puisse être calculé.
J. Zajicek et coll., « The Lancet » du 8 novembre 2003, pp. 1517-1526.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature