SEP : l'altération du processus de remyélinisation se situerait du côté de l'axone

Publié le 16/01/2002
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L'évolution de la SEP est progressive et marquée, dans un premier temps, par une alternance de périodes de rémission suivie par des périodes de rechute. Cette première phase dure entre cinq et quinze ans avant que les lésions chroniques ne s'installent et que la maladie ne devienne invalidante. La remyélinisation des axones lésés explique sans doute ce type d'évolution. Certains axones démyélinisés lors des poussées inflammatoires auto-immunes peuvent se remyéliniser, ce qui permet le rétablissement de la conduction nerveuse. Plus les lésions sont chroniques, moins ce processus est opérant : les axones démyélinisés deviennent fonctionnellement anormaux et finissent par mourir, les lésions deviennent chroniques et la maladie devient invalidante.

Stimuler le processus de remyélinisation

Les chercheurs ont imaginé prévenir cette évolution en stimulant le processus de remyélinisation grâce à une greffe des cellules précurseurs d'oligodentrocytes, dans les lésions de SEP. Parmi ces précurseurs ont été décrites les cellules souches et les cellules de prémyélinisation. Ces dernières ont été observées chez le rat : elles proviennent de la différenciation des cellules souches et sont capables d'envoyer des prolongements riches en protéines de myéline vers les axones, mais elles ne déclenchent pas la remyélinisation. Leur durée de vie est courte : trois jours environ au bout desquels elles s'incluent dans le processus de myélinisation ou meurent par apoptose. Ces cellules de prémyélinisation ne sont pas présentes dans le cerveau des adultes (hommes ou rats).
L'étude que publie Chang et coll. dans le « New England of Medicine » tend à montrer que cette voie n'était peut-être pas satisfaisante. En effet, ils ont étudié la distribution des oligodendrocytes et de leurs précurseurs dans les lésions chroniques, afin d'évaluer leur rôle dans le processus de myélinisation.
Ils ont examiné 48 lésions chroniques de SEP obtenues à l'autopsie de 10 patients. Les oligodendrocytes et leurs précurseurs ont été étudié grâce à un marquage immunocytochimique spécifique et leurs relations avec les fibres axonales ont été étudiées dans les trois dimensions en microscopie couplé à un laser.

Une pathologie de l'axone

Dans 34 des 48 lésions de SEP, les chercheurs ont retrouvé des cellules de prémyélinisation. Cela démontre qu'il existe d'autres facteurs limitants de la démyélinisation que la seule présence de précurseurs d'oligodendrocytes. La plupart de ces lésions ont été retrouvées chez des patients dont la maladie évoluait depuis moins de quinze ans. A l'inverse, 11 des 14 lésions qui ne contenaient pas de cellules de prémyélinisation provenaient de patients dont la maladie évoluait depuis plus de vingt ans. Cela suggère qu'avec la chronicité les lésions perdent leur capacité à produire de nouveaux oligodendrocytes.
De plus, ils ont retrouvé une corrélation entre les lésions contenant des cellules de prémyélinisation mais sans activité de remyélinisation et des axones dystrophiques œdématiés. Cette observation conforte l'hypothèse qu'une pathologie de l'axone lui-même est impliquée dans le déficit de remyélinisation des lésions chroniques de la SEP.
Les investigateurs penchent pour une anomalie de la composition moléculaire de ces axones ou pour un déséquilibre des facteurs qui régulent le processus de myélinisation.
« Nos résultats suggèrent que, dans les lésions chroniques de la SEP, les axones ne sont pas sensibles à la remyélinisation. La connaissance des interactions cellulaires entre les oligodendrocytes de prémyélinisation, les axones et l'environnement microcellulaire des lésions de la SEP pourrait conduire à une nouvelle stratégie thérapeutique. »

« New England Journal of Medicine », vol. 346, n° 3, 17 janvier 2002, pp. 165-173.

Dr Lydia ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7046