Constatant que les médicaments essentiels, autres que les thérapies du sida, sont déjà disponibles à bas prix et que, pourtant, leur accès reste difficile, le SNIP a lancé une étude au Sénégal pour mieux comprendre les origines de ce phénomène.
Dans ce pays où les sources d'approvisionnement sont multiples (importations, fabrication locale et un important marché parallèle, illégal et bien organisé), pouvoir se procurer facilement un médicament dépend d'abord de son lieu d'habitation. Plus des trois quarts de la population disposent d'un centre de santé à moins d'une heure de marche de son lieu de résidence mais les zones rurales sont moins bien couvertes que les villes. Par ailleurs, les médicaments sont souvent plus facilement disponibles dans les points de vente privés que dans les points de vente publics. Enfin, le prix reste un problème essentiel : 20 % des habitants les plus pauvres sont totalement exclus du système de santé.
Les pratiques de dispensation du médicament sont, elles aussi, peu satisfaisantes. Qu'il s'agisse des points de vente public ou privés, les médicaments proposés sont rarement les moins chers. D'une part, parce que le système de tarification incite à vendre le médicament le plus cher, d'autre part parce que les prix officiels sont parfois dépassés dans la filière publique. Conséquences : un tiers environ des patients n'achètent pas leur médicament pour toute la durée du traitement et un patient sur cinq a recours au marché illicite.
Une série de recommandations
Quatre-vingt-dix mille personnes environ vivent aujourd'hui au Sénégal avec le VIH. En mai 2000, le Sénégal a adhéré, avec cinq autres pays pilotes, à l'initiative ACCESS (accélération de l'accès aux traitements du sida). Résultat : une réduction de près de 85 % des prix d'achat de médicaments antirétroviraux. Malgré cela, les médicaments restent visiblement hors de portée de la population et le gouvernement n'arrive à prendre en charge que 1 % des personnes séropositives.
Pour plus de 60 % de la population, le revenu moyen est insuffisant pour acheter les médicaments prescrits. Pour faire face à cette situation, le SNIP préconise un encadrement et un contrôle renforcés des activités pharmaceutiques au Sénégal et une diminution du prix des médicaments essentiels génériques dans les points de vente publics et privés.
Si ces mesures relèvent essentiellement de la responsabilité de l'Etat sénégalais, les firmes pharmaceutiques peuvent participer à l'amélioration de la sécurité sanitaire et du contrôle qualité, ainsi qu'à la mise en place des bonnes pratiques de prescription et d'usage du médicament. Elles peuvent également aider à une meilleure distribution dans les zones rurales et à des pratiques commerciales plus claires. Des initiatives ont été lancées dans ce sens par des entreprises françaises. Une deuxième étude vient de débuter au Cameroun, à la demande du gouvernement local, avec l'aide financière du ministère de la Coopération et, si besoin est, celui de l'Union européenne.
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