L'événement était national, voire international. Députés, préfets, représentants d'ONG, tout ce que le Sénégal compte de responsables politiques et de militants a fait le déplacement pour constater l'abandon de l'excision dans une des régions du monde les plus concernées par cette pratique.
Molly Melching (association Tostan) se rappelle que tout a commencé avec la sensibilisation dans la région d'une petite communauté de Malicouda Bambara. « Maintenant, 423 villages les ont rejoints non seulement dans le refus de l'excision, mais aussi dans le plaidoyer auprès des communes voisines. »
Fruit d'un travail laborieux de sensibilisation des populations et des responsables traditionnels ou religieux, la déclaration de Tambacounda est d'autant plus remarquable que, dans cette région du Sénégal, où les Pulaar, les Mandika et les Soninke sont majoritaires, plus de 70 % de la population pratique l'excision. C'est dans cette région que 120 filles ont été mutilées en protestation et avec le même couteau le lendemain de la promulgation de la loi interdisant l'excision en janvier 1999.
Le programme de sensibilisation de Tostan a commencé, avec le soutien de l'UNICEF, en janvier 2000 et a duré jusqu'en avril 2001 dans 60 communes des districts de Kedougou et de Tambounda. Les participants ont reçu une formation sur les droits humains, les responsabilités, l'hygiène et la santé à travers diverses techniques de communications incluant le théâtre ou la musique.
En mai 2001, déjà, les premiers résultats ont été visibles avec la création de groupements de femmes et d'associations travaillant sur l'accès aux soins et informations de santé. Signe significatif, pour Molly Melching, « le 31 mars, les femmes d'une communauté de Tambacounda, participant à notre programme, ont manifesté publiquement contre la violence faite aux femmes. Elles réagissaient pour la première fois au fait que l'une d'entre elles alors enceinte avait été battue ».
De mai à septembre, les discussions ont continué afin de convaincre un maximum de villages. Le 20 octobre dernier, 101 communautés ont abandonné l'excision et les mariages précoces lors d'une cérémonie organisée à Malem Niani, dans le district de Tambacounda. Le lendemain, 40 autres communautés les imitaient à Tomboronkoto, dans la région de Kedougou.
Il y eut de nombreux témoignages, des femmes s'exprimaient souvent pour la première fois en public sur les complications qu'elles ont connues, des hommes racontaient la souffrance de leur femme lors de leurs relations sexuelles, d'autres évoquaient la mort d'une de leur proche à la suite d'hémorragies ou d'infections.
Il y eut également de la musique et des danses traditionnelles. Les parlementaires membres des groupes « Population », qui étaient à l'origine de la loi contre l'excision, avaient fait le déplacement. D'autres participants ont voyagé plus de vingt-quatre heures en bus pour atteindre les cérémonies. Au final, la déclaration prouve que la lutte contre l'excision avance au Sénégal. Molly Melching prépare déjà la prochaine déclaration d'abandon de l'excision. Elle devrait avoir lieu en février 2002 et concernerait plus de 200 villages.
• L'Iran connaît une révolution démographique. D'après une étude de l'INED, le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 6 au milieu des années 1980 à 2,1 en 2000, et le taux d'utilisation de contraceptifs a augmenté de 37 % en 1976 à 75 % en 2000. Rien ne pouvait laisser présager que la transition démographique serait aussi rapide dans un pays qui a vu sa population multipliée par six depuis le début du siècle, passant de 10 à 60 millions d'habitants. Cette tendance, qui se retrouve dans tous les pays de la région, témoigne qu'une fécondité élevée n'est pas inhérente à la culture islamique.
• Le taux de mortalité maternelle reste élevé au Gabon, avec 519 décès en moyenne pour cent mille naissances. Une enquête réalisée par les services de santé gabonais révèle que, pour la période 1994-2000, près d'un décès sur cinq de femme en âge de procréer est imputable à des causes liées à la maternité. Dans la même période, sur 1 000 naissances vivantes, 57 enfants sont décédés avant d'atteindre l'âge de 1 an et 33 avant 5 ans. Une situation préoccupante, alors que plus de la moitié de la population a moins de 20 ans.
• A Haïti, les centres de santé sont trop chers pour la population. C'est le résultat d'une enquête réalisée par le ministère de la Santé haïtien et l'organisme Measure DHS : plus de trois quarts des accouchements se font à domicile et sans assistance d'une personne médicalement formée. L'enquête révèle pourtant que plus les femmes ont eu de visites prénatales, plus elles ont de chance d'accoucher dans un centre médical. D'autant que 80 % des femmes qui donnent naissance en dehors d'un établissement sanitaire ne bénéficient d'aucune consultation postnatale par la suite.
Si la grande majorité des Philippins de moins de 18 ans ont déjà eu des relations sexuelles (cela représente plus de 2,5 millions de personnes), 80 % d'entre eux n'ont pas utilisé de protection contre le SIDA et les autres MST, selon une étude du Philippines Population Institute. Alors que 60 % de la population du pays est âgée de moins de 25 ans et qu'un Philippin sur quatre a moins de 15 ans, cette information a de quoi préoccuper les autorités du pays.
* 205, bd Saint-Germain, 75007 Paris, tél. 01.53.63.80.40, fax 01.53.63.80.50.
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