L'ÉQUIPE DES EXPERTS « santé » de Ségolène Royal devrait être présente au complet autour de la candidate socialiste, cet après-midi à Lyon, à l'occasion d'un déplacement thématique axé sur l'hôpital, la recherche et la lutte contre le cancer. Ce staff d'experts offrira donc l'image d'une famille unie alors que, en réalité, il est assez composite et forme un attelage de campagne parfois un peu compliqué à diriger.
Les personnes spécialisées sur les questions de santé forment en fait plusieurs cercles concentriques autour de Ségolène Royal. Le noyau dur est bien sûr situé au comité de campagne de la candidate, installé au 282, boulevard Saint-Germain, à Paris, et rebaptisé tantôt «l'antenne» ou le «2-8-2». Dans cet appartement où seuls quelques privilégiés mettent les pieds, Michel Yahiel, auteur de plusieurs rapports marquants (1), tire les ficelles de la campagne quand elle touche à la santé. Il se défend toutefois d'être le seul bon connaisseur du dossier au «2-8-2». «La candidate a fait beaucoup de social dans sa vie» et, par rapport à François Bayrou et à Nicolas Sarkozy, «elle est de loin celle qui connaît le mieux les sujets de santé», souligne cet ex-membre de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Sans compter que les affaires sociales ne sont étrangères ni à son codirecteur de campagne, Jean-Louis Bianco (qui en fut le ministre de 1991 à 1992), ni à son directeur de cabinet, Christophe Chantepy (lequel conseilla sur ces sujets deux Premiers ministres, Edith Cresson puis Pierre Bérégovoy).
«Mon rôle consiste à coordonner les experts et à créer du lien entre eux, les élus et l'équipe de campagne», résume Michel Yahiel. Pascal Terrasse, secrétaire national du PS à la Santé (et donc placé dans le deuxième cercle des conseillers), joint cet «homme-ligne» de Ségolène Royal «à peu près une fois par jour au téléphone» et se sent «écouté ou pas» en fonction des dossiers. Selon un observateur du parti, «Pascal Terrasse et Claude Pigement accomplissent un travail de bénédictins mais ne sont pas mandataires» pour la candidate. Autour d'eux gravitent des techniciens (en particulier des experts de l'Igas) et des politiques du PS connus depuis longtemps dans le secteur. Au milieu de cet aréopage, l'ancien ministre Claude Evin occupe une place à part. Le président de la Fédération hospitalière de France, qui achève son ultime mandat de député PS de Loire-Atlantique, «a un peu un rôle de sage et sert de référence à tous», confie le Dr Pigement. A la réunion organisée tous les mercredis par Pascal Terrasse pour répartir les tâches, on croise aussi le Dr Thierry Philip, directeur du centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard à Lyon, et plusieurs élus socialistes comme les Drs Gérard Bapt, Catherine Génisson, Paulette Guinchard-Kunstler, Jean-Marie Le Guen et Françoise Tenenbaum (adjointe au maire de Dijon).
Le rôle de Jean-Marie Le Guen.
Comparé à d'autres experts « Sécu-santé », le Dr Le Guen est monté en grade auprès de Ségolène Royal puisque le député socialiste de Paris figure dans l'organigramme officiel de campagne au côté d'éléphants du PS. Chargé de la cellule «argumentaires» en général, Jean-Marie Le Guen accompagne souvent la candidate sur les plateaux de télévision. Une proximité pas évidente après l'expérience de l'élection primaire. En effet, Jean-Marie Le Guen «représente le courant strauss-kahnien», selon ses propres termes, tandis que Gérard Bapt, par exemple, roulait pour Laurent Fabius avant que les militants du PS ne choisissent Ségolène Royal comme candidate.
Comment gérer cette équipe transcourant ? «Ce n'est pas toujours aisé, car chacun essaye de tirer du coude, reconnaît Pascal Terrasse. J'essaye de jouer le rôle d'équilibriste avec des gens qui ont leurs propres convictions et leurs propres intérêts.»
«Certains regrettent que leur champion n'ait pas remporté la primaire, c'est normal», commente avec philosophie Michel Yahiel. Participant à sa «quatrième campagne présidentielle», il note que celle-ci «n'est pas pire» que les autres, malgré les traditionnels «problèmes d'ego et d'arrière-pensées». «A droite, ce n'est pas un lit de roses non plus!», ironise Michel Yahiel. «On travaille collectivement, assure pour sa part Jean-Marie Le Guen. Internet facilite le travail car les mails permettent d'associer beaucoup de gens sans trop de complications.»
Le responsable des questions de santé pour le groupe PS à l'Assemblée nationale a de toute façon de bonnes raisons de voir les choses avec optimisme. Loué ici ou là pour «sa capacité d'analyse, son entrain, sa réactivité, sa compétence reconnue, son dynamisme», Jean-Marie Le Guen fait figure de favori parmi les personnes susceptibles d'hériter – le cas échéant – du portefeuille de la santé.
Prudemment, l'intéressé se borne à trouver la question un peu prématurée.
(1) Michel Yahiel est notamment l'auteur de rapports sur les soins bucco-dentaires (2000) et sur la réparation intégrale des accidents du travail et des maladies professionnelles (2002).
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