Un siècle après la loi du 15 février 1902 jetant les bases d'une santé publique construite sur l'alerte et la surveillance (déclaration obligatoire des maladies infectieuses, isolement des patients), la sécurité sanitaire est devenue « une exigence de tous les instants, attendue de tous et partout ». Le ministre délégué à la Santé voit là sa griffe, après dix ans passés Avenue de Ségur.
A la veille d'une journée d'étude du Comité national de sécurité sanitaire, consacrée aux processus de décision, dans les domaines des soins et de la prévention, de l'environnement et de l'alimentation, qui se tiendra le 12 mars*, Bernard Kouchner a tenu à faire le point. « Notre démarche de pédagogie des risques et notre volonté de développer une démocratie sanitaire implique, affirme-t-il, une transparence de l'expertise et des mécanismes qui fondent les décisions ».
- Les infections à méningocoques
Vis-à-vis du risque de méningite, il n'est pas question, après avis du Comité technique des vaccinations (CTV) du 11 février, d'étendre à l'ensemble du territoire la campagne de vaccination mise en uvre dans le Puy-de-Dôme. Depuis le début de 2002, une quarantaine de cas ont été signalés dans le pays, dont près de la moitié, certes, sont du sérogroupe C. Pour ce qui est de la région de Clermont-Ferrand, à ce jour, quelque 72 000 personnes ont bénéficié de la vaccination, et les données recueillies font état de 6 hospitalisations inférieures à 24 heures. Les associations antivaccinations, qui ont assigné les Laboratoires Wyeth, fabricant du vaccin utilisé dans le Puy-de-Dôme, ont été déboutées et condamnées aux dépens. A propos de « peur du vaccin », l'étude irlandaise qui établirait un lien entre vaccination contre la rougeole et autisme, d'une part, et troubles intestinaux inflammatoires, d'autre part, est jugée peu concluante, faute d'éléments de preuve, par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).
- L'hépatite C en hémodialyse
Dans ce même secteur des maladies infectieuses, « l'hépatite C constitue une priorité de santé publique », souligne le ministre, qui présentera vers le 20 février un programme de lutte contre le VHB et le VHC. Et, également pour plus de maîtrise du risque infectieux, la Société française d'hygiène hospitalière élabore actuellement de « bonnes pratiques d'hygiène en dialyse », tandis que la direction régionale des Affaires sanitaires et sociales des pays de la Loire réalise un « guide d'aide à la gestion du danger en hémodialyse ».
- Produits de santé
Face au risque de transmission du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob par les produits sanguins, l'AFSSAPS estime qu'aucune mesure complémentaire n'est nécessaire, compte tenu de celles prises en 2001, notamment la leucoréduction des plasmas et l'exclusion des donneurs ayant séjourné plus de 1 an dans les îles britanniques entre 1980 et 1996.
- Alimentation
Outre le renforcement de la sécurité sanitaire de l'eau potable, intervenue en décembre 2001, deux sujets sont d'actualité. En premier lieu l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) appelle à une meilleure évaluation des OGM avant leur mise sur le marché et, de conserve avec les Quinze, à un développement des études de toxicité chronique. En second lieu, dans un rapport (lire page 12) qui sera débattu le 12 mars, l'AFSSA met l'accent sur la fréquence des manifestations d'allergie alimentaire qui touchent 3,2 % de la population générale et 8 % des enfants. Aux Etats-Unis, sur 32 réactions mortelles étudiées par l'American Academy of Allergy, ce sont les arachides et les noix qui ont occasionné la plus grande partie de ces décès, auxquels s'ajoutent des chocs anaphylactiques ou des crises d'asthme. « Il nous faut mieux connaître les aliments allergisants, et surtout mieux informer les consommateurs en améliorant l'étiquetage des denrées », relève Bernard Kouchner, qui se réjouit de la toute récente création de l'Autorité européenne pour la sécurité alimentaire.
Au total, pour le ministre délégué à la Santé, toutes ces approches préventives témoignent de pas de géant effectués dans le champ de la sécurité sanitaire. Et la loi sur les droits des malades et la qualité du système de santé (en cours d'adoption au Parlement) ouvre de « nouvelles perspectives fondées sur la démocratie sanitaire, le respect de la personne malade et une exigence de qualité et de sécurité du système de soins ».
* Cette journée sera suivie d'un colloque au ministère de la Santé, les 21 et 22 mars.
Kouchner : « J'ai vu naître l'Europe de la santé »
« A Malaga, le 8 février (dernier) , j'ai vu naître l'Europe de la Santé, lors du sommet des ministres de la Santé des Quinze, dit Bernard Kouchner. Une Europe de la santé qui s'articulera avec l'Europe de la recherche et qui sera autrement plus populaire que l'Europe agricole. Croyez-moi, il existe une demande précise de la plupart des pays, hormis la Belgique et l'Allemagne qui, à l'instar de la France, n'ont pas de files d'attente. Oui, partout, l''"exception française" , la "French Touch" retient l'attention. »
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