Avec quelques accents testamentaires sur la transparence appliquée à tous les domaines de risques sanitaires, Bernard Kouchner s'est décerné devant les journalistes un satisfecit : « Nous sommes sur la bonne voie, a estimé le ministre délégué. La notion de risque est maintenant mieux appréhendée, et elle est donc mieux acceptée. Des progrès restent à faire cependant en matière de risque choisis, tels le tabac, l'alcool ou les accidents de voiture. »
Exemple typique de ces risques pour lesquels l'appréciation du public peut mieux faire : l'utilisation du téléphone portable : « L'opinion s'alarme régulièrement sur les risques à ce jour non avérés d'effets cancérigènes, et tout le monde continue à téléphoner en voiture, tout en sachant pertinemment que le risque d'accident est ainsi multiplié par six », s'emporte Bernard Kouchner. Moyennant quoi, il a présenté la nouvelle plaquette d'information destinée à renforcer l'information, disponible sur le site Internet du ministère www.sante.gouv.fr et diffusée à 100 000 exemplaires par l'administration, les représentants des professions médicales et des consommateurs. Y sont récapitulés les principaux conseils d'utilisation : éviter les conversations inutiles ou trop longues, les zones de mauvaises réception, éloigner le téléphone des zones sensibles du corps (génitales chez les adolescents, périombilicales chez les femmes enceintes), éviter de téléphoner en se déplaçant. Et bien sûr ne jamais téléphoner en conduisant... même avec un kit mains-libres. Toutes ces recommandations sont tirées du rapport rendu public en février 2001 par le Dr Denis Zmirou.
Une étude sur la dioxine
Au chapitre environnemental encore, Bernard Kouchner, abordant la question des incinérateurs et du risque dioxine, a annoncé le lancement d'une étude multicentrique autour de plusieurs sites d'incinérateurs (dont celui, fermé en octobre dernier, de Gilly-sur-Isère, en Savoie, et celui de Nivillac, dans le Morbihan). Cette étude épidémiologique nationale d'imprégnation aux dioxines dans le lait maternel comportera un volet consommation alimentaire, qui prendra en compte la consommation des produits locaux, et un volet imprégnation, pour refléter l'exposition des populations concernées au travers du dosage des dioxines dans le lait maternel ou les lipides sanguins. Ces résultats compléteront les données précédentes, jugées fragmentaires, qui remontent à 1999.
Au chapitre pharmacologique, Bernard Kouchner a annoncé que l'information des professionnels de santé et du public sur l'exposition in utero au Distilbène et les modalités de prise en charge des patients était nécessaire. C'était la conclusion du comité technique de pharmacovigilance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Cette information, dont la rédaction est en cours, devrait être diffusée incessamment. Des recommandations de bonnes pratiques devraient aussi être élaborées rapidement, pour faire l'état des connaissances sur l'hystéroplastie d'agrandissement, souvent proposée aux femmes qui souffrent d'un DES syndrome.
Autre produit qui défraye la chronique sanitaire, la quinacrine. Cet antiparasitaire avait été utilisé, semble-t-il avec certains résultats (qui restent à confirmer), sur une jeune patiente britannique souffrant du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, aujourd'hui décédée. L'analyse des vingt premiers malades traités en France avec ce produit, présente une relativement bonne tolérance, même si cinq sujets ont présenté des anomalies hépatiques qui, dans deux de cas, ont conduit à l'interruption du traitement. Mais surtout, aucun élément n'a pu être recueilli à ce jour qui fasse état d'une quelconque efficacité de la quinacrine. Celle-ci, cependant, garde son autorisation provisoire d'utilisation (APU) et peut toujours faire l'objet d'une délivrance. Bernard Kouchner souligne en outre qu'en l'absence d'essai randomisé, la plus grande circonspection s'impose.
Coordination européenne
En concluant, Bernard Kouchner s'est félicité du bon fonctionnement des agences sanitaires dont est désormais dotée la France. La dernière à naître, l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, devrait être dirigée par le Dr Michèle Védrine, actuelle présidente de la commission de sécurité des consommateurs. « C'est maintenant au niveau européen qu'il convient d'aller plus loin, a lancé le ministre. Des réseaux de coordination doivent être à présent mis en place, sur le modèle de ceux qui fonctionnent déjà sur le VIH, la tuberculose ou la légionellose. Car la santé ne s'accommode pas du patriotisme, ni du communautarisme. »
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