Sécurité routinière…

Publié le 28/09/2012
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Dans un domaine quasi vierge en médecine générale, ces deux-là font un peu figure de pionniers à l’assaut d’un continent inexploré. Certes, Jean Brami, généraliste parisien, et René Amalberti, spécialiste en psychologie cognitive, n’en sont pas à leur première tentative pour populariser la sécurité des soins. Il y a trois ans, leur premier ouvrage dressait un état des lieux inédit de l’erreur médicale en médecine de ville. Avec ce second

livre, c’est à des travaux pratiques qu’ils invitent les médecins généralistes. La proposition est audacieuse, car il faut un certain culot pour proposer à une profession de s’interroger sur la rigueur des services qu’elle délivre. Et la dynamique est inédite, chaque praticien étant invité à passer du livre, qui détaille les « onze dimensions du risque » en médecine générale, au test en ligne qui évalue sa pratique en 110 questions.

Mais ce qui fait du « Brami-Amalberti » un livre-événement pour la profession, c’est qu’il inaugure une démarche complètement nouvelle en matière de qualité des soins. À l’heure des recos et de l’Evidence based medicine, on attendrait de deux conseillers à la HAS qu’ils assènent à leurs confrères, guidelines, digests et arbres de décision. Pas du tout ! C’est autour du savoir-être, plus que du Savoir avec un grand S que tourne leur « Audit de sécurité des soins en médecine de ville ». Le diable se cachant toujours dans les détails, nos deux auteurs traquent l’incident médical dans la routine du praticien et dans l’organisation du cabinet. Pas dans la compétence du généraliste qui, paraît-il, est rarement en cause.

La conséquence de cette approche est plutôt optimiste. On parle encore peu d’erreur en médecine générale, peut-être parce qu’elle est moins fréquente en soins primaires que dans des spécialités techniques, moins redoutée en ville qu’en médecine hospitalière. Pourtant, Jean Brami et René Amalberti montrent que tout le monde se trompe plus ou moins ; surtout quand on travaille seul ; a fortiori quand on est débordé… Leur démonstration est intéressante et, pour tout dire, « oxygénante », parce qu’elle n’est pas le moins du monde moralisatrice et qu’elle repose sur l’idée que chacun, là où il se trouve, peut agir ici et maintenant sur les processus. L’erreur est humaine… L’association «?La Prévention Médicale » en faisait hier jeudi tout un colloque à Paris. Cela méritait bien que Le Généraliste en fasse à son tour tout un dossier ?!


Source : Le Généraliste: 2615