De notre correspondant
Peut-on rapprocher les journalistes et les professionnels de la prévention, les amener à collaborer sur des programmes ciblés (les 15-24 ans) concernant la circulation routière, et appuyer ce partenariat sur une chartre qui engage les deux parties ? Telle est la suggestion optimiste qui sert de conclusion à une étude de l'ORS de Rhône-Alpes.
A l'origine, il y a les résultats, publiés en mai 2001, du premier travail de l'ORS sur « Les accidents de la circulation : un problème de santé publique chez les 15-24 ans ». Cette recherche épidémiologique qui s'appuie, entre autres, sur les données du registre rhodanien des accidents de la route, unique en France, constate qu'en Rhône-Alpes à l'échelle nationale, les 15-24 ans sont deux fois plus touchés que l'ensemble de la population, que la route est la première cause de mortalité dans cette tranche d'âge et que les hommes en sont les premières victimes (85 % des décès en rase campagne notamment concernent des conducteurs ou des piétons).
L'observatoire cherche alors à aller plus loin : ne serait-il pas possible de « faire bouger les choses » sur ce thème si peu médiatique de l'hécatombe routière des moins de 25 ans, par exemple en étudiant les conditions d'une collaboration active médias-professionnels de prévention ?
Sous la direction du Dr Pascale Gayrard, les chercheurs (1) ont commencé par interroger les professionnels de la prévention dans la région. Nombre d'entre eux expliquent avoir recours aux médias locaux pour renforcer l'impact de leurs campagnes ; mais les réponses traduisent globalement « un certain manque de confiance » entre les deux parties.
Les associations de malades privilégiées
Ils ont ensuite longuement interviewé un échantillon de professionnels responsables de 31 médias plébiscités par les jeunes de la région (radios, magazines périodiques, presse quotidienne), tant sur leurs pratiques en matière d'information de prévention sanitaire que sur leurs rapports avec les professionnels de santé.
Les réponses montrent que la relation la plus fréquente est d'ordre commercial (le message de prévention est pour l'essentiel diffusé dans un espace publicitaire). Mais elles témoignent aussi d'une évolution de la société : désormais, ce sont avec les associations de malades et d'usagers que les médias entretiennent les relations le plus suivies, loin devant les associations de prévention sanitaire ou de prévention routière.
Un partenariat avec les professionnels de la prévention vous paraît-il envisageable ? demandaient ensuite les chercheurs : la principale condition mise en avant par les responsables des médias est financière, car la plupart refusent de « s'impliquer concrètement dans la santé publique ». Neuf d'entre eux seulement se montrent favorables au principe de l'adhésion à une campagne de prévention au moyen d'une charte.
Dans sa conclusion, l'enquête de l'ORS insiste néanmoins sur le « potentiel de collaboration » qui existe entre les deux univers, pour peu que les deux partenaires potentiels « cherchent à mieux se connaître » et fassent un bout du chemin : les professionnels de la prévention « en s'adjoignant les compétences nécessaires en matière de communication », les médias en réfléchissant sur « la place qu'ils occupent ou souhaitent occuper dans la prévention ».
(1) La totalité de l'étude, dont cet article ne traite que quelques aspects, est disponible auprès de l'observatoire régional de la santé de Rhône-Alpes, 9, quai Jean-Moulin, 69001 Lyon, tél. 04.72.07.46.20.
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