Sécurité routière : des avancées dans la lutte contre alcool et stupéfiants, moins sur la vitesse

Par
Publié le 02/10/2015

« Les routes de France ne peuvent pas être un cimetière », a martelé Manuel Valls ce 2 octobre, lors de la présentation des 22 nouvelles mesures proposées par le Comité interministériel de la Sécurité routière, qui complètent la première salve de 26 actions de janvier 2015.

L’objectif demeure : passer sous le seuil de 2 000 morts en 2020. L’année 2014 a enregistré 3 384 victimes de la route ; 2015 n’a pas commencé sous de meilleurs auspices avec une augmentation de 4,6 % du nombre de tués, par rapport aux huit premiers mois de 2014.

Mortelle vitesse : 300 vies ne seront pas sauvées, selon le Dr Lauwick

Multiplication des radars, introduction de leurres, expérimentation de drones pour détecter les conduites à risque, égalité devant la loi pour qu’étrangers ou travailleurs ne circulent pas en toute impunité... Nombreuses sont les mesures qui ciblent la vitesse, responsable de 26 % des accidents mortels en 2014. « C’est une bonne chose de replacer la vitesse au cœur des préoccupations », déclare « au Quotidien » le Dr Philippe Lauwick, président de l’Automobile Club médical de France et de la commission Alcool-stupéfiants-vitesse du conseil national de la sécurité routière (CNSR).

Mais il déplore l’abandon de la généralisation de la limitation à 80 km/heure sur le réseau bidirectionnel : « Cela pourrait sauver 300 vies ; c’est la condition sine qua non pour passer sous le seuil des 2 000 morts d’ici à 2020 », explique-t-il.

Des éthylotests antidémarrage dans l’arsenal des médecins

Le Dr Lauwick salue les mesures de lutte contre l’alcool (responsable de 19 % des accidents mortels) et les drogues (de 13 %) au volant. Les juges pouvaient déjà proposer l’éthylotest anti-démarrage (EAD) aux personnes qui s’étaient rendues coupables d’une infraction sous l’emprise de l’alcool. « Mais il y a eu moins de 50 recours à ce type de dispositif », observe le Dr Lauwick.

Désormais, les médecins du permis de conduire réunis en commission médicale à la préfecture pourront proposer (via un avis préfectoral) l’EAD à des contrevenants, en prévention d’une éventuelle récidive – la récidive représentant un quart des 200 000 infractions à l’alcool annuelles. Des groupes de travail au sein du CNSR réfléchissent actuellement aux modalités d’un accompagnement médico-psychologique à proposer avec l’outil. « L’EAD seul n’est pas suffisant : il faut une prise de conscience, une éducation thérapeutique, qui doit prendre la forme de rendez-vous réguliers avec des addictologues et psychologues », explique le Dr Lauwick.

Pour lutter contre la conduite sous stupéfiant, les forces de police pourront utiliser les tests salivaires – autorisés dans la loi de santé. « Coupler le contrôle de l’alcool et des drogues va dans le bon sens », commente le Dr Lauwick.

Rôle des médecins dans la prévention

D’autres pistes sont à l’étude, notamment sur les médicaments, qui pourraient provoquer 100 à 200 accidents chaque année. Mais le Dr Lauwick appelle à la prudence : « Il faut trouver le bon message pour que les patients n’arrêtent pas de façon inconsidérée leurs traitements. »

Enfin, il appelle les médecins traitants à ne « pas se désintéresser » de la sécurité routière, en particulier à l’égard de leur patientèle vieillissante dont ils peuvent sonder les besoins de mobilité.


Source : lequotidiendumedecin.fr