Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a présenté lundi un plan d’actions pour la sécurité routière pour enrayer le nombre de morts sur les routes françaises reparti à la hausse en 2014. Après avoir nettement diminué (divisé par 5 en 40 ans), la mortalité a progressé l’an dernier de + 3,7 % alors que le nombre de blessés augmentait de + 2,5 % par rapport à l’année précédente. En 2014, 3 388 personnes ont été tuées, soit 120 de plus qu’en 2013, année marquée par une baisse record. Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière qui fournit ces données encore provisoires, l’augmentation s’explique en premier lieu par une hausse sensible de la mortalité routière de trois catégories d’usagers particulièrement vulnérables : les piétons (+ 8 %), les cyclistes (+ 8 %) et les cyclomotoristes (+ 6 %). L’augmentation est plus modérée chez les automobilistes.
Mieux identifier les causes
Ces chiffres ne sont « pas à la hauteur des objectifs » même si « 2014 n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le croire » puisque « c’est la deuxième moins mauvaise année » depuis 1948, a estimé M. Cazeneuve. Le mois de décembre a été d’ailleurs meilleur qu’en 2013 (- 8,9 %). L’objectif de moins de 2 000 morts en 2020 est maintenu.
Les 26 mesures du plan d’actions élaboré avec tous les ministères concernés (Justice, Éducation nationale, Transports et Santé) visent à mobiliser l’ensemble des registres d’intervention en matière de sécurité routière. Sa mise en place sera « immédiate » ou en tout cas dans un délai « court », a assuré le ministre de l’Intérieur. Ce plan bénéficiera en outre d’une nouvelle méthode d’analyse plus fine. « Jusqu’à présent, 40 % des causes d’accidents mortels n’entraient dans aucune catégorie statistique exploitable, dans la mesure où les forces de l’ordre disposaient d’un choix limité à 5 causes pour relever l’origine probable des accidents mortels de la route. Dès ce début d’année 2015, ce choix a été étendu à 14 causes possibles », explique le ministère. Ces nouvelles données permettront la mise en place d’un dispositif de suivi dans chaque département, tableaux de bord qui serviront aussi à renforcer le pilotage national.
Alcoolémie limitée à 0,2 g/l chez les conducteurs novices
Les 26 mesures répondent aux causes déjà identifiées. Le taux d’alcoolémie légal sera abaissé à titre expérimental de 0,5 à 0,2 gramme par litre de sang pour les conducteurs novices (trois ans après le permis ou deux ans s’il y a eu conduite accompagnée). Ce nouveau taux, qui correspond à un verre de bière ou de vin, cible particulièrement les 18-24 ans : l’alcool a été la cause principale de 24 % des accidents mortels dans cette catégorie d’âge entre 2011 et 2013.
Les oreillettes, casques et écouteurs seront interdits au volant pour améliorer mais pas les kits bluetooth embarqués qui restent autorisés. Il sera interdit de se garer à moins de cinq mètres avant les passages piétons pour protéger ces derniers (Sur trois piétons renversés en ville, un l’est sur un passage protégé).
D’autres mesures ont été annoncées comme les contrôles des exploitants de débits de boisson ou la multiplication des contrôles anti-stupéfiants notamment grâce aux tests salivaires expérimentés par la MILDECA dans 11 départements. Figurent aussi dans le plan d’action, l’augmentation du nombre des radars feux rouges, les limitations de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires bidirectionnelles « particulièrement accidentogènes ».
Appel pour une large utilisation des dispositifs antidémarrage
« Nous sommes rassurés par cette nouvelle dynamique mais il n’y a pas de mesure forte susceptible de changer très fortement la mortalité sur les routes », a réagi Philippe Lauwick, président de la commission « alcool, vitesse et stupéfiants » du Conseil national de la sécurité routière (CNSR). L’abaissement de l’alcoolémie légale pour les conducteurs novices « permet de faire passer le message que quand on conduit, on ne boit pas » mais « elle ne changera pas la face du monde », a-t-il indiqué. L’Automobile Club de France rappelle une conclusion de son récent colloque « Santé, mobilité et trafic » (novembre 2014) : « En presque 15 ans, aucun progrès spécifique quant au facteur alcool au volant n’est enregistré. » L’ACMF appelle à une plus large utilisation des EAD « considérés actuellement comme l’une des mesures les plus prometteuses pour la prévention spécifique de l’infraction "alcool" et de ses récidives. » L’EAD est un dispositif relié au démarreur qui empêche le moteur de se mettre en marche lorsqu’une certaine alcoolémie est détectée dans l’air expiré par le conducteur. Lors du colloque, l’ACMF avait fait sienne une proposition du CNSR préconisant de « permettre aux médecins des commissions médicales primaires du permis de conduire de proposer un EAD chez certains usagers dont elles estiment le risque de récidives important ».
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