« Ce n'est pas à coup de rafistolages que l'on pourra sécuriser l'avenir de l'assurance-maladie », estime Nicole Notat dans un entretien avec « le Figaro » à propos de la situation créée par le départ du Medef et de la CGPME des organes de gestion de la Sécurité sociale.
Toujours favorable à un retour du patronat dans les conseils d'administration des caisses, la secrétaire générale de la CFDT plaide néanmoins pour une réforme de l'assurance-maladie qui tourne le dos aux propositions récentes du Medef. « Nous ne croyons pas que la mise en concurrence - et a fortiori l'introduction d'opérateurs privés - agisse comme une potion magique. Si la confusion demeure entre le rôle de l'Etat et celui des opérateurs, qu'il y en ait 36 ne changera rien ! », affirme Nicole Notat.
Pour clarifier les responsabilités de chacun et redonner toute sa place au paritarisme, la CFDT propose donc trois grands axes de réforme.
D'abord le Parlement doit, selon elle, ne plus se contenter d'entériner une enveloppe de dépenses, mais désigner les bénéficiaires des dotations budgétaires.
Ensuite, la CFDT souhaite que l'Etat définisse un panier de soins, c'est-à-dire précise les pathologies qui feront l'objet, grâce à une coopération entre assurance de base et complémentaire, d'une couverture à 100 %.
Enfin, elle réclame une délégation de gestion confiée à des opérateurs de soins - les caisses de la Sécu - qui seraient chargés « de la mise en uvre des politiques arrêtées et de la maîtrise des moyens affectés ».
« Cela suppose, ajoute Nicole Notat , que ces opérateurs aient la capacité d'engager des contrats avec les professions de santé sur des politiques explicites. Redonner de la consistance à la politique conventionnelle nous paraît décisif. »
Sans remettre en cause le plan Juppé, la secrétaire générale reconnaît cependant son peu d'efficacité à maîtriser les dépenses de santé. « Le système dépense à l'aveugle alors qu'il faudrait retrouver des marges de manuvre (...) L'enjeu de la maîtrise, ce n'est pas de faire moins, c'est de dégager des moyens pour les besoins qui émergent », explique-t-elle. La CFDT qui préside aux destinées de la CNAM depuis 1996 souhaite donc passer d'un système de soins qui est « une succession d'actes isolés » à une « mise en relation de toutes les prestations ». « Le paiement à l'acte est caractéristique de ce système où chaque professionnel est seul face à son patient, poursuit Nicole Notat. Il faut aller vers des modes d'organisation, et de financement qui intègrent cette capacité de soins globale. »
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