DE NOTRE CORRESPONDANT
DEPUIS LE 18 SEPTEMBRE, le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) d'Ille-et-Vilaine a de nouveaux moyens à offrir au public pour lui porter secours. Deux véhicules du « service de santé et de secours médical », postés l'un à Rennes et l'autre à Saint-Malo, peuvent être sollicités en permanence par le centre opérationnel pour se rendre sur le lieu d'un accident, d'un sinistre, d'une catastrophe ou pour toutes détresses vitales.
A leur bord, un seul infirmier sapeur-pompier, la plupart du temps volontaire.
«Ces infirmiers assurent leur garde en étant postés en caserne, le départ est donc assuré s'il est déclenché, explique Frédéric Colin, infirmier-chef du service de santé du SDIS 35. Les moyens du service répartis par ailleurs dans 12 des 95centres de secours ne peuvent pas offrir une réponse aussi sûre, en raison de la disponibilité des volontaires.» Les deux véhicules se déplacent dans un rayon de vingt minutes autour de leur point de départ. Ce qui exclut de fait certaines zones du département, comme Redon et Fougères, où un dispositif de ce type pourrait être développé en 2008.
Les infirmiers sapeurs-pompiers sont des professionnels diplômés d'Etat qui ont reçu une formation spécifique de quinze jours une fois leur candidature acceptée par la direction du SDIS. Sur ces quinze journées, trois ont été consacrées à la mise en oeuvre du protocole du soin d'urgence. Par ce biais, les interventions des ces infirmiers pompiers sont très encadrées. En Ille-et-Vilaine, douze protocoles ont été définis, que le SAMU a validés.
André Chaumont, responsable du SAMU 35, estime que ce système représente «un gain important pour le public. Les gens ont désormais affaire à un infirmier, et non plus à un secouriste, qui délivre donc un diagnostic infirmier et une prise en charge plus rapide, explique-t-il. L'infirmier est ensuite en relation avec un médecin régulateur pour appliquer tel ou tel protocole qui nécessite un avis médical. Maintenant, même si nous avons été parfaitement mis au courant de ce dispositif qui souhaite améliorer la paramédicalisation de certaines zones du département, c'est un projet du SDIS. Le SAMU n'est pas intervenu sur la définition des critères de déclenchement de ces moyens.»
Reste à voir comment le système va évoluer pour répondre à une demande importante. La proportion des 45 000 interventions annuelles consacrée au secours à la personne (aujourd'hui de 64 %) est en effet en constante augmentation. Et le dispositif lancé mi-septembre semble rencontrer un important succès. Le SDIS pourrait être confronté à la même problématique que le SAMU. Le Dr André Chaumont attend à ce sujet de voir si la croissance «exponentielle» des appels enregistrés par son service va continuer. «C'est certain qu'on ne pourra pas gérer seuls ce flux, reconnaît-il. Mais les SDIS ne pourront pas envoyer systématiquement leurs véhicules sans régulation médicale en amont. D'autant que le système n'est pas parfait. Il permet d'un côté de gagner du temps avec le départ automatique des véhicules pompiers, mais, de l'autre, le SAMU n'est pas informé assez vite. En l'absence d'informations cliniques délivrées par le centre opérationnel des pompiers, nous devons rappeler nous-mêmes pour recueillir des éléments sur l'état de santé de la personne au plus vite, c'est-à-dire avant même que l'infirmier sapeur-pompier arrive sur place, pour pouvoir déclencher si besoin une équipe SMUR. C'est pour améliorer tout cela que nous devons travailler ensemble, par exemple sur l'idée d'une plate-forme téléphonique commune.»
Alternative zéro.
L'architecture existant dans le Morbihan a été créée il y a trois ans. «Ici comme ailleurs, c'est notre dispositif ou rien, estime le Dr Didier Jan, un des derniers médecins-chefs à la fois du SDIS et du SAMU. Comme c'est difficile de faire se déplacer des médecins libéraux après 20heures dans certains secteurs, nous avons à disposition des véhicules radio infirmiers. Au moins, il existe une réponse meilleure que s'il s'agissait simplement de secouristes.» Un de ces véhicules est basé à Guémené-sur-Scorff et un autre à Malestroit, deux zones qui se trouvaient à plus des trente minutes réglementaires d'un SMUR. A Lorient, un véhicule assure également des gardes, mais le contexte est différent, «sensible», selon le colonel Sécardin, responsable du SDIS. Il existe là une grosse demande, mais une seule équipe SMUR fonctionne.
En plus de ces moyens permanents, des véhicules radio infirmiers sont également de faction durant la saison estivale, à Plouharnel (une convention a même été signée avec la Croix-Rouge pour se partager la mise à disposition des soignants) et à Sarzeau. Le SDIS souhaite développer ce type de réponse dans deux ou trois autres zones blanches, dont La Roche-Bernard. Dans ce département aussi, des protocoles (quatorze en tout) ont été définis pour encadrer l'intervention des soignants et leur application dépend, comme en Ille-et-Vilaine, de l'accord du médecin régulateur. «Mais rien n'est figé, on colle à la réalité du terrain, souligne le Dr Didier Jan. Une de nos interrogations est plutôt de savoir qui doit déclencher et quand. Je pense pour ma part que tout devrait passer par la régulation. Mais, aujourd'hui, nous effectuons des autodéclenchements, pas parce que les deux services seraient en conflit, mais parce que l'on recherche la bonne solution.»
Le moment ne serait donc pas venu d'évoquer l'extension des responsabilités des sapeurs-pompiers sur le champ du médical, comme le président du SDIS du Morbihan l'a fait il y a quelques jours dans la presse locale – «Nous étudions la création avec le SAMU d'un service d'assistance médicale en cas de carence ou d'impossibilité des médecins d'intervenir dans la nuit profonde de minuit à 6 heures du matin», disait-il dans l'édition du 28 septembre de « Ouest-France ». «Nous restons sur le domaine des urgences vitales. Sinon, cela serait vers un domaine nouveau qui demanderait de nombreux changements, notamment statutaires, explique pour sa part le colonel Sécardin. De toute façon, cela serait au préfet de mobiliser l'ensemble des acteurs de santé pour organiser tout cela.»
En revanche, l'idée d'une plate-forme téléphonique, commune au SAMU et au SDIS (1), semble être plus près de la réalité. «Le lancement officiel de la réflexion vient d'être fait par le président du SDIS, annonce le médecin-chef du SAMU et du SDIS. Nous en sommes aux fiançailles!»
(1) Il en existerait déjà une petite dizaine en France.
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