Chronique électorale
Au premier tour des législatives, 58 des 577 circonscriptions ont été attribuées, dont 56 à la droite.
Ce n'est jamais qu'un dixième des sièges. Mais la situation, cette année, est beaucoup plus favorable à la droite qu'à la gauche : dans 90 % des 519 circonscriptions restantes, un duel opposera le PS à l'UMP, en l'absence du Front national. La capacité du FN d'empêcher l'élection du candidat de la droite classique à la faveur d'une triangulaire est donc sensiblement réduite par rapport aux législatives de 1997. On trouve, dans les données fournies par le premier tour, les ingrédients d'une victoire finale de la droite en général et de l'UMP en particulier qui, à elle seule, pourrait remporter la majorité absolue.
Contrairement à ce qu'on a pu lire dans certains journaux, l'affaiblissement de l'extrême droite n'est pas un trompe-l'il. Il est réel, il s'est produit entre le 21 avril et le 9 juin, et il semble que les six points de pourcentage qu'elle a perdus entre ces deux dates soient allés en bloc à l'UMP. C'est un mouvement spontané auquel on peut tenter de donner une explication : le programme contre l'insécurité que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a adopté et auquel il a donné l'écho le plus sonore. Des électeurs du Front ont pris ce programme au sérieux. Si c'est vrai, cela montre que le gouvernement issu du second tour de la présidentielle a été, au moins électoralement, efficace.
A supposer même que les ex-électeurs du FN aient changé d'avis entre les deux tours, il est trop tard. Ils ne sont plus en position d'arbitrer suffisamment de triangulaires et même s'ils désertaient l'UMP en nombre, la droite devrait disposer d'un réservoir de votes suffisant pour battre la gauche dans une majorité de circonscriptions. Il ne s'agit ni de sondages ni de prédiction : la configuration du second tour et le rapport de forces établi par le premier suffisent à établir le syllogisme.
En outre, les sondages publiés pendant la semaine confirment cette analyse. Une enquête IFOP pour « l'Express », paru hier, indique que 56 % des personnes interrogées voteront UMP au second tour. Dans les rares triangulaires, l'UMP obtiendrait 45 % des voix, le PS, 41 %, le FN, 14 %. L'UMP passerait donc de justesse, mais elle passerait. Dans les duels UMP-FN, 86 % des personnes interrogées opteraient pour l'UMP. Dans les duels PS-FN, les socialistes obtiendraient 79 % des suffrages. Il n'est pas certain que le Front réussisse à faire élire un seul député.
On ne voit pas d'où pourrait venir la surprise. La réduction brutale de l'électorat de l'extrême droite a déverrouillé la porte ouvrant sur la victoire finale de la droite classique. C'est, en définitive, le grand enseignement du premier tour des législatives : la poussée de l'UMP n'est pas due à un affaiblissement du PS, qui maintient son pourcentage de suffrages, mais un peu à l'effondrement du PC et surtout au recul très sensible du FN. Au total, dix points de pourcentage perdus par les communistes et l'extrême droite (mises à part les abstentions) qui ont effacé le vote de protestation du premier tour de la présidentielle : un tiers des électeurs s'était prononcé pour l'extrême gauche non-PC et pour l'extrême droite. Dans ce tiers, l'UMP a réussi à en récupérer un tiers, ce qui a tout changé : tout à coup, l'électorat disparate et disséminé a été rebipolarisé, le mode de scrutin a joué en faveur du plus fort. Si l'UMP échoue au second tour, ce ne pourrait être qu'à cause d'une remobilisation extraordinaire de la gauche (peu probable, parce que la perspective d'une nouvelle cohabitation ne cesse de peser sur la consultation électorale) ou d'un abstentionnisme exceptionnel, après un premier tour où il a déjà atteint un taux sans précédent : l'hypothèse est peu crédible.
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