(L'anecdote c'est L., interne déjà rencontrée dans le post
« La belle vie », l'écriture c'est moi, juste merci)
Alors voilà Mme D., 92 ans, ancienne conservatrice de musée. Sa vie professionnelle ? Protéger du temps qui passe les belles choses.
Mais le temps qui passe a eu sa revanche.
Démente, elle ne se souvient plus du nombre de ses enfants.
Étrangeté de la mémoire : elle cite toute l'œuvre peinte de Dali mais est incapable de dire comment s'appelle son fils.
Mme D. est hospitalisée.
L., amatrice du maître espagnol, la soigne chaque jour, elles échangent sur la vie de Dali, sur sa passion pour Gala et ces amours-là qui, tumultueuses et enflammées, font rêver le quidam.
Toutes deux reconstruisent l'histoire : Dali devient le plus tendre amant du monde, Gala la maîtresse la plus heureuse. Ils deviennent, loin de la réalité, des personnages de Jane Austen et le vieux maître moustachu prend des allures de Mr Darcy...
Un vendredi soir, L. passe saluer Mme D. avant son départ.
Comme chaque fois, le même rituel :
Mme D. lui dit au revoir en posant son index sur sa lèvre, mimant les célèbres moustaches du peintre.
L. lui répond en faisant de même.
Lundi matin L. arrive dans le service.
Mme D. est partie dans la nuit.
Les tic-tacs des montres molles ont pris leur dû.
L. : « Les gens ? Ils n'ont aucune idée de combien ce métier peut être difficile, VRAIMENT aucune idée de combien ce métier peut être difficile. »
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