L ES religieuses catholiques de la congrégation de l'école des sœurs de Notre-Dame apportent beaucoup à la science. Elles ont accepté de participer à une étude longitudinale sur le vieillissement et la maladie d'Alzheimer lancée en 1986, l'Etude des nonnes (Nun Study), et de donner leur cerveau à la recherche après leur mort. Lors du premier examen annuel des fonctions cognitives et de l'état physique, 678 participantes, âgées de 75 à 102 ans, ont été recensées. L'Etude des nonnes a déjà permis de montrer, entre autres, qu'une attaque, ou un traumatisme crânien, augmente les risques de développer plus tard une démence ou une maladie d'Alzheimer, que l'acide folique peut lutter contre les effets de l'Alzheimer, qu'il y a un lien entre de faibles capacités linguistiques et les démences et morts prématurées.
Dernier enseignement en date, qui réjouira les optimistes et rendra encore plus angoissés les autres : des émotions positives dans la jeunesse sont un gage de longévité. L'étude menée par le Dr David Snowdon, professeur de neurologie à l'université du Kentucky et directeur de l'Etude des nonnes, est publiée cette semaine dans le « Journal of Personality and Social Psychology », et le Dr Snowdon sort en même temps un livre intitulé « Vieillir avec élégance : ce que l'Etude des nonnes nous apprend sur la façon de vivre des vies plus longues, plus saines et remplies de sens ».
Pour arriver à cette conclusion, Snowdon et ses collaborateurs se sont penchés sur les journaux intimes écrits par les religieuses quand elles étaient jeunes (ils en ont retrouvé 180 écrits entre 18 et 32 ans). En fonction d'hypothèses déjà partiellement vérifiées, ils ont relevé les mots exprimant des émotions positives, comme « heureux », « joie », « amour », « espérant » « satisfaction ». Et ce qu'ils espéraient trouver était bien au bout de l'étude : les religieuses exprimant le plus d'émotions positives vivent jusqu'à dix ans de plus que celles exprimant le moins d'émotions positives.
Si cette étude, qualifiée par l'un des directeurs de l'Institut national du vieillissement d' « intéressante et importante », comporte des limites que reconnaît son auteur, elle n'en confirme pas moins l'intérêt d'être optimiste si l'on veut vivre longtemps en bonne santé. « Cela fait du bien d'être heureux et plein d'espoir, commente, non sans jouer à La Palisse, le Dr Snowdon. C'est un état agréable qui induit très peu de stress et qui réussit bien au corps. C'est une chose, de plus, que les gens peuvent faire pour eux-mêmes pour tenter de rester en bonne santé. » Le Dr Snowdon, hélas, ne donne pas la recette pour être heureux et optimiste.
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