LA CRÈME SOLAIRE, ça ne suffit pas. Tel est le message qui sera martelé cet été à destination des petits Français et des mamans. L'Institut national du cancer (INCa) lance une grande campagne de sensibilisation contre les risques de mélanome liés à l'exposition solaire pendant l'enfance. Le mélanome est à la fois le plus bénin et le plus difficile à traiter, rappelle le Pr David Khayat, président l'institut. « Son traitement se limite à une petite exérèse médicale, qui se pratique la plupart du temps dans un cabinet de dermatologie, mais tout dépend du moment du diagnostic. » Le mélanome est en effet la plus grave des tumeurs cutanées. « La taille de ce cancer ne se mesure plus en centimètres, mais en millimètres (d'épaisseur), précise le Pr Khayat. Une tumeur de 4 mm d'épaisseur tue la moitié des patients concernés en dix ans. »
Le mélanome est le cancer dont l'incidence a le plus augmenté ces vingt dernières années. Entre 1978 et 2000, elle a été multipliée par quatre chez les hommes et par trois chez les femmes. La mortalité due au mélanome a, quant à elle, doublé. Une fois les métastases apparues, aucun traitement n'a montré d'efficacité sur la survie globale des patients. C'est pourquoi les mesures préventives et le diagnostic prennent autant de sens.
Le facteur de risque numéro un.
On estime que deux tiers des mélanomes sont dus à une exposition excessive au soleil, d'autant plus chez les personnes à peau claire. D'ailleurs, alors que l'on croyait que seuls les rayons ultraviolets très énergétiques (UVB) provoquaient des cancers, on sait aujourd'hui que les UVA y contribuent autant, parfois même plus. On sait également que l'intensité des rayons ultraviolets n'est pas corollaire à la sensation de chaleur ni à la présence de nuages, de vent ou de neige. On a également mis en évidence que les enfants et les adolescents sont davantage sensibles au soleil. « Chacun dispose d'un capital soleil, rappelle le Pr Khayat, inégal d'un individu à l'autre, selon son phototype. Tout dépend ensuite de la façon dont chacun le dépense. »
Il n'est pas compliqué de se protéger du soleil. La campagne de sensibilisation va s'employer à délivrer des règles de bon sens, que chacun croit connaître sans pour autant toujours les respecter. D'abord, les nourrissons de moins de 1 an ne doivent jamais être exposés au soleil. Il est essentiel d'éviter les heures les plus chaudes de la journée, entre midi et 16 heures. Et quelle que soit l'heure, les enfants doivent porter un chapeau, des lunettes et un vêtement. La crème est nécessaire, mais pas suffisante, et pour être efficace, elle doit être d'un indice de protection élevé (25 au minimum) et doit être appliquée fréquemment (toutes les deux heures et après chaque baignade). Par ailleurs, pour faciliter la reconnaissance des symptômes d'alerte, une règle simple a été mise en place, la règle de l'ABCDE. A comme asymétrie, B comme des bords irréguliers, C une couleur (non homogène), D le diamètre (en général supérieur à 6 mm) et E comme l'évolution des quatre premiers éléments, un grain de beauté qui change d'aspect, de taille, de couleur ou qui devient rugueux.
« Soleil, t'auras pas ma peau ».
L'objectif de la campagne est aussi de « susciter une prise de conscience à la fois auprès des parents et des enfants », explique Anne Ramon, directrice d'information des publics à l'INCa. « Nous ne voulons pas non plus faire peur. Nous savons bien que le soleil joue un rôle important dans notre vie, dans notre bien-être. Donc, on n'essaie pas de dramatiser ni de décourager les parents avec des mesures trop contraignantes, mais plutôt de délivrer des messages simples, accessibles à tous et faciles à réaliser. »
Le dispositif de communication comprend une campagne d'affichage grand public, diffusée sur les lieux de vacances, campings, plages etc., sous l'accroche « Protégez-le du soleil, vous le protégerez du cancer ». Elle sera renforcée par la présence de camions publicitaires qui sillonneront l'ensemble des zones côtières en diffusant le message par micro et parfois par des avions et des messages aérotractés. Six messages de prévention seront diffusés avant les départs des vacanciers sur France-Inter, France-Info et Europe 1, puis sur les fréquences France Bleu du littoral. La campagne sera aussi associée à la tournée d'été de RTL et une animation Internet reprenant le visuel sera reprise sur divers sites, notamment en accompagnement des prévisions météorologiques. Enfin, un petit dessin animé, intitulé « Soleil, t'auras pas ma peau » passera à la télévision au moment des programmes pour enfants. Il met en scène, sous forme de comptine, un enfant qui se défend contre les méfaits du soleil en utilisant comme armes un chapeau, des lunettes, un tee-shirt et de la crème solaire. « Non seulement nous impliquons les enfants dans la campagne, mais nous souhaitons valoriser l'enfant qui lutte contre le soleil. On sait bien qu'il y a beaucoup de travail à faire de ce côté-là », insiste Anne Ramon. Ceux qui ne partent pas en vacances et qui auraient choisi les transats sur les quais de la Seine ne seront pas oubliés : Paris Plage fera également partie de la tournée.
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