«CHEZ LES SUJETS ÂGÉS, la galénique peut conditionner le fait que le médicament soit pris ou non, et parfois le fait qu'il soit efficace ou non. Ce n'est pas un détail sans importance, souligne le Dr Laurence Hugonot-Diener, gériatre, qui le constate tous les jours en consultation. Quand le prescripteur rédige l'ordonnance d'une personne âgée, il doit se mettre à sa place, en tenant compte de ses capacités réelles.»
Pour choisir une galénique adaptée, il faut savoir rester très pratique. Quelques consignes simples permettent d'éviter de grosses erreurs : bannir les comprimés trop gros, qui sont difficiles à avaler ; limiter les gouttes, à l'origine de nombreux accidents de surdosage ; prescrire des suspensions buvables et des formes orodispersibles ; privilégier les formes retard ou les patchs. «Ces deux dernières formes présentent le double avantage de garantir un taux plasmatique stable au cours de la journée et de limiter la prise du médicament à une par jour», explique le Dr Laurence Hugonot-Diener. «La polymédication est en effet source de non-observance et d'accidents iatrogènes. Les sujets âgés, qui ont parfois plus de vingt médicaments sur leur ordonnance, font alors le tri eux-mêmes, ne retenant que les moins contraignants et pas forcément les plus importants», poursuit-elle. C'est pourquoi, comme le recommande l'AFSSAPS, il est nécessaire de limiter et de simplifier les prescriptions.
Conscients du problème, les laboratoires adaptent la galénique des spécialités gériatriques, comme pour les anticholinestérasiques indiqués dans la démence : Réminyl en forme retard, Aricept en forme orodispersible et Exelon en forme patch.
Pour les sujets déments en institution, les troubles de la déglutition et l'anorexie compliquent, davantage encore, les possibilités d'administration par voie orale. Là, plus qu'ailleurs, il faut se mettre en situation réelle. «L'existence d'une démence marque un tournant et doit orienter vers certaines formes galéniques», rappelle la gériatre. Il faut en effet garder à l'esprit qu'en EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), tous les médicaments qui ne peuvent pas être avalés sont écrasés au mortier. La plupart ne sont pas faits pour être écrasés et, une fois broyés, ils perdent leur efficacité thérapeutique. Il est ainsi recommandé chez les sujets déments de privilégier les formes orodispersibles et les patchs.
D'après un entretien avec le Dr Laurence Hugonot-Diener, gériatre à l'hôpital Broca (Paris) et consultante MEDFORMA (Paris).
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