La question des relations entre la science et la société est sortie du débat académique pour gagner l'arène publique. L'Institut de France et la fondation Aventis lancent une initiative pilote sur trois ans, Science Génération, afin de donner aux citoyens, notamment aux jeunes générations, les clés des biosciences. Il faut « dialoguer pour comprendre et dialoguer pour faire comprendre », estime Pierre Messmer, chancelier de l'Institut de France.
Chaque année, un colloque se tiendra alternativement à l'Institut de France et dans les régions françaises, avec la participation de nombreux scientifiques et d'experts. Le premier de ces colloques aura lieu les 22, 23 et 24 octobre, à l'Institut de France, sur le thème « Biosciences : risques, éthique et société ». Président du comité de parrainage de Science Génération, François Gros insiste sur les dimensions éthiques et sociales « que doit désormais prendre en compte la démarche scientifique et technique ». « Il n'est pas jusqu'au développement des régions, aux problèmes démographiques ou à la nouvelle économie et aux relations Nord-Sud qui ne soient également concernés par les nombreuses perspectives que tracent désormais les biotechnologies », ajoute-t-il.
Des progrès pour l'humanité
Un baromètre Science Génération, qui se renouvellera chaque année, permet aux organisateurs de prendre en compte les attentes, craintes et espoirs du public en matière d'information, de formation et de prise de décision. Trois publics cibles sont retenus : les jeunes, les parents et les enseignants. Une première édition de ce baromètre* a déjà été réalisée entre les 12 avril et 12 mai 2001, sur 960 personnes, afin de partir d'un « point zéro des connaissances ». Quasi unanimement (94 % des jeunes, 91 % des parents et 94 % des enseignants) estiment que « les progrès en santé correspondent à un progrès pour l'humanité ». Sur le classement des progrès majeurs de santé au cours des dernières années, viennent en tête la découverte du virus du SIDA, la chimiothérapie anticancéreuse, suivies par les vaccins, le traitement des maladies cardio-vasculaires et les antibiotiques.
En matière d'information, près de un jeune sur deux estime ne pas disposer de suffisamment de sources d'information sur les sujets scientifiques. Les enseignants sont globalement plus satisfaits. Les souhaits d'information pour l'avenir concernent essentiellement le droit des patients, les maladies rares et la recherche médicale, de façon homogène pour les trois publics.
En ce qui concerne les vocations, alors qu'ils ont une image très positive des études scientifiques, les jeunes se disent plutôt attirés par des métiers dans les domaines du commercial, de la gestion de l'information ou de la communication. Enfin, la question de la consultation des citoyens par référendum est accueillie favorablement par une grande majorité des jeunes et des parents. Les enseignants se montrent en revanche plus réservés. Mais pour les trois populations interrogées, les instances de consultation à mettre en place devraient avoir une composition diversifiée, comprenant des scientifiques et des professionnels paramédicaux, mais aussi des citoyens lambda. Un jeune sur deux souhaite également la participation de juristes. Ce score augmente chez les parents (67 %) et chez les enseignants (80 %).
Science Génération mobilise également les 22 régions françaises. Quelque 66 groupes seront constitués, formés chacun d'une quinzaine de personnes, soit un relais pour chaque catégorie (jeunes, parents et enseignants). Ils tenteront d'imaginer pour leur région, en concertation avec les acteurs locaux, des solutions concrètes pour rapprocher la science des citoyens. Des journalistes animeront les rencontres, afin d'enrichir et de rendre publiques les synthèses publiées sur le site Internet (www.science-generation.com), sur lequel une plate-forme de dialogue et d'échanges sera mise en place.
En engageant ce processus de dialogue, l'Institut de France et la fondation Aventis souhaitent se rapprocher des préoccupations des citoyens. L'Italie et la Suède ont déjà annoncé leur souhait d'adapter Science Génération pour leurs citoyens. « S'il porte ses fruits, Science Génération se propose d'être une sorte d'observatoire de terrain des rapports entre les biosciences et la société, éclairant les décideurs, politiques et scientifiques, dans les orientations à prendre sur les questions touchant à l'éthique et à la civilisation », espèrent les initiateurs.
* L'intégralité des résultats du premier baromètre Science génération sont sur Internet www.science-generation.com.
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