De notre envoyée spéciale
« Science génération n'est pas une panacée. C'est la composante d'un mouvement très important qui est en train de se dessiner au niveau européen sur le rôle de la science et ses applications », affirme d'emblée le Pr François Gros (secrétaire honoraire permanent de l'Académie des sciences et président du Comité consultatif de Science Génération).
Pourtant, le projet est ambitieux : restaurer la communication entre les scientifiques et le public. Il a été lancé il y a deux ans par la Fondation Aventis, convaincue, d'une part, que les progrès scientifiques ne s'imposent pas d'eux-mêmes et doivent être mieux partagés, et que, d'autre part, la recherche suscite à la fois espoirs et craintes.
La Fondation, placée sous l'égide de l'Institut de France*, a ainsi pu mobiliser, dès la première année, 800 jeunes, parents et enseignants dans les 22 régions françaises. Cette première phase s'est soldée par un premier colloque à l'Institut de France en octobre 2001 (voir « le Quotidien » du 25 mars 2002) où ont été discutés et votés les grands thèmes sur lesquels les groupes projets interrégionaux devront travailler jusqu'au mois de juin 2004.
Cinq grands thèmes ont été choisis : « Une science plus proche du quotidien », « La science à l'école », « L'information scientifique », « Une science sans frontière » et « Une science citoyenne ». Le lycée pilote innovant de Poitiers s'est également associé au programme. Composé de lycéens en classe de première et de terminale, le groupe réfléchit à la création d'un passeport santé destiné à la prévention des maux qui touchent le plus les adolescents : tabac, alcool, conduite dangereuse, drogue, sexualité et MST, anorexie/boulimie, suicide.
Les ambassadeurs de chacun des groupes étaient donc venus à Milan faire partager leur expérience et écouter les différents experts invités à débattre.
Depuis juillet 2002, le programme bénéficie en effet de l'appui de la Commission européenne. Etienne Magnien, chargé de la mise en uvre du programme de recherche, a rappelé la vocation de l'Espace européen de la recherche d'être un « lieu attractif, de créativité et d'accueil pour les chercheurs, les artistes et tous les créateurs du monde entier. Pour en quelque sorte retrouver ce qui a toujours été la culture humaniste de l'Europe ».
La nouvelle orientation voulue par Philippe Busquin, commissaire chargé de la Recherche depuis 2000, prévoit, dans le cadre du 5e programme cadre de recherche, un volet « science/société ». Grâce au financement européen de 1,44 million d'euros et au partenariat d'Euro-Case (Conseil européen des académies des sciences appliquées et d'ingénierie)**, Science Génération peut s'étendre aujourd'hui à l'Italie et à la Suède.
Désaffection des jeunes
La FAST (Fédération italienne des associations scientifiques et technologiques) coordonne le projet en Italie. Organisatrice du symposium de Milan, elle a présenté les premiers résultats de son baromètre d'opinion. L'Académie royale suédoise des sciences et des technologies, prochain organisateur, a également évalué la perception qu'a l'opinion suédoise de la science. Comme en France, ces deux pays notent une désaffection des jeunes pour les carrières scientifiques, contrairement aux parents qui souhaitent une telle carrière pour leurs enfants. Mais la science reste positivement associée à un progrès de l'humanité (pour 67 % des Italiens). Sont généralement évoqués un enseignement mal adapté et un déficit d'informations. De même, une participation des citoyens aux décisions est revendiquée.
Lors des débats, certains ont mis en évidence les inquiétudes du public, surtout en ce qui concerne les organismes génétiquement modifiés. Certains scientifiques italiens ont déploré l'excès de réglementation qui, selon eux, est une entrave à la science. Même si Vittorio Possenti (membre du comité d'éthique italien) a rappelé que « le scientifique ne peut être au-dessus de la société » et que la science, parce qu'elle renouvelle aujourd'hui la question de l'identité, pose le problème de « notre responsabilité à l'égard de nous-mêmes et à l'égard d'autrui ».
Quant aux jeunes Français venus avec enthousiasme rapporter leur expérience, ils ont exprimé leur satisfaction d'être enfin « acteurs », mais ils ont déploré l'inaptitude des scientifiques à se mettre à leur portée. Comme le rappelait en ouverture du congrès le Pr François Gros, restaurer la communication entre les scientifiques et le public « demande à la fois un effort aux scientifiques qui sont en général d'assez piètres communicateurs et au public qui ne fait pas toujours l'effort d'éducation que l'on attend de lui ».
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